Créé en 1982, le Frac des Pays de la Loire est novateur à plus d’un égard : il accueille dès 1984 des artistes en résidence dans le cadre des Ateliers Internationaux. De plus le Frac dispose d’un atelier de restauration destiné à devenir un véritable centre de ressources en matière de conservation préventive. Une documentation riche de 13 000 ouvrages et d’un fonds de livres d’artistes, permet un travail avec les publics.
En 2000, annonçant les Frac de deuxième génération, il est le premier à être doté d’un bâtiment spécifiquement conçu pour ses missions à Carquefou dans l’agglomération nantaise. L’architecture dont la conception a été confiée à Jean-Claude Pondevie, offre un volume pur à l’élégante simplicité.
L’ensemble de la collection constituée depuis près de quarante ans reflète la diversité de la création contemporaine et regroupe des pratiques aussi diverses que la peinture, la photographie, la sculpture, le dessin, la vidéo, la performance, l’installation. La collection s’oriente aujourd’hui autour de différents axes qui se sont affirmés au fil des ans. Ainsi le Frac a porté une attention toute particulière aux artistes questionnant les relations entre l’œuvre et son contexte (politique, social…), l’œuvre et son environnement (patrimonial, architectural, naturel…), la modernité et les liens entre art, architecture et design, mais également l’autobiographie, la performance et l’intérêt porté au corps.
Le Frac des Pays de la Loire développe un projet multisite avec son lieu d’exposition sur l’île de Nantes depuis 2021.
Dans cette antenne nantaise est proposé un programme artistique et culturel prospectif ouvert à des artistes émergent·es et à des créateur·rices de renommée internationale. De ce fait, il représente un lieu idéal accomplissant pleinement les missions de démocratisation de l’art en sensibilisant un large public du Frac.
Entretien avec Claire Staebler, directrice du Frac des Pays de la Loire
– Quels sont, pour vous, les nouveaux défis du Frac à l’orée des 40 ans ? Quelle orientation souhaitez-vous lui donner ?
« Grâce à l’ouverture en 2021 de l’antenne du Frac sur l’île de Nantes, nous abordons notre quarantaine avec une nouvelle « jeunesse » et beaucoup de dynamisme ! Cette nouvelle configuration en bi-site donne un véritable élan à l’histoire du Frac des Pays de la Loire que je suis toujours en train d’explorer et de découvrir chaque jour depuis mon arrivée au printemps dernier ! Avec l’équipe nous souhaitons à présent développer à la fois des programmes parallèles et cohérent aux spécificités de chaque site et en même temps les relier par des propositions transversales comme nous le faisons actuellement avec le travail de Lina Lapelytè présentée à Nantes et exceptionnellement à Carquefou en janvier 2023. »
– Qu’est ce qui fait la singularité de votre Frac ? Quels sont, selon vous, ses plus grandes richesses et comment souhaitez-vous les valoriser ?
« Il y a plusieurs singularités au Frac des Pays de la Loire comme pour chaque Frac mais dans notre ADN la question des ateliers résidences d’artistes est bien inscrite et participe à l’histoire de notre Frac. Un lieu dédié aux résidences avec ateliers, logements, espaces communs est activé à travers les Ateliers Internationaux qui se développent annuellement depuis 1984 ! Ensuite la qualité architecturale des deux sites est aussi une grande chance et une source d’inspiration pour nous et pour les artistes que je souhaite valoriser afin de mobiliser aussi les publics pour une expérience de l’art différente. »
– Comment envisagez-vous le lien du Frac avec son territoire ? Quels axes souhaitez-vous développer ?
« Le Frac des Pays de la Loire a depuis longtemps tissé de nombreux liens avec de nombreux partenaires régionaux ! Son histoire nomade des vingts premières années a perduré dans la circulation de la collection et de propositions inédites dans des contextes très divers jusqu’à l’exemple récent du MuMO qui circule actuellement dans les cinq départements de la région à la rencontre de publics plutôt éloignés des actions habituelles. Je souhaite continuer à imaginer des projets inédits qu’ils soient agiles ou plus ancrés dans des lieux et des histoires. Pour cela mon équipe qui connait parfaitement le terrain et les acteurs est d’une grande aide. »
– Quelles spécificités de la collection souhaitez-vous mettre en lumière ?
« La présence de la collection est une véritable chance et le point de départ de nombreux projets que nous développons comme « Trilogie de Cendres », une exposition en trois volets menée par Marion Duquerroy et Thomas Fort à partir de la collection avec des productions et des artistes invités qui s’est déroulée de avril à décembre 2022. En 2023 nous avons notamment un projet qui convoquera la figure de Gina Pane à la lumière de pratiques contemporaines. Par ailleurs le comité technique que j’ai constitué a la mission de poursuivre une politique d’acquisition ambitieuse en phase avec l’histoire de la collection et les grands axes déjà développés. »
– Quels sont pour vous les nouveaux publics à mobiliser ? Quelles stratégies et actions souhaitez-vous développer ?
« La question du public reste entière et quotidienne pour nous ! Nous avons démarré des échanges avec le Théâtre de La Fleuriaye à Carquefou et sommes « lieux associés » du Voyage à Nantes et du Voyage en Hiver ! Je crois beaucoup à un public de proximité, si les voisins du Frac viennent nous voir je pense que les autres suivront ! »
Claire Staebler est commissaire d’expositions et critique d’art. Elle dirige depuis mars 2022 le FRAC des Pays de la Loire sur les deux sites de Nantes et de Carquefou. Elle a été commissaire d’exposition à la Fondation Louis Vuitton de 2012 à 2022 où elle a notamment co-créé Open Space et œuvré à la programmation des expositions temporaires (La Couleur en Fugue, Au Diapason du monde, Afrique du Sud, Bentu, Contact: Olafur Eliasson…) et les événements. Directrice artistique du PinchukArtCentre à Kiev, Ukraine, de 2007 à 2009, elle a travaillé au Palais de Tokyo de 2002 à 2007 en tant que commissaire d’exposition.
En tant qu’indépendante elle a collaboré à La Triennale, Intense Proximité, Palais de Tokyo, Paris (2010 – 2012) sous la direction artistique de Okwui Enwezor. Elle a réalisé différentes expositions tel que Machruk, Appartement 22 Rabat (2019), Le Meilleur des Mondes, Kunsthalle Mulhouse (2016), La Fabrique sonore, Expérience Pommery#9, Reims (2011), Transaction Abstraite,Charles Atlas, Mika Tajima, New Galerie, Paris (2011), Retrait, Fondation d’entreprise Ricard, Paris (2007). Elle collabore avec plusieurs publications spécialisées dont les revues Flashart, Idea, l’Officiel Art et Zérodeux.
Diplômée de Philosophie de l’art (Université Paris 8 Saint Denis) et d’Histoire de l’art (Université Paris 1 La Sorbonne), elle a également participé au Programme curatorial de De Appel, Amsterdam en 2004 -2005.
Pour les œuvres "Plano céleste" et "Plano terrestre" créent en résidence au Frac, l'artiste a réunit des matériaux naturels collectés au cours de son voyage du Portugal vers la France .
Sérgio Carrohna établit des relations spirituelles entre ces différentes plans (le ciel et la terre), notamment lorsqu’il évoque l’influence du calendrier lunaire sur la croissance de la végétation terrestre ou encore les alignements astronomiques. Ces deux œuvres proposent également un commentaire géologique, historique et économique sur les effets de l’extraction industrielle.
« Je ne connais pas les forces de la nature et ce serait absurde d’essayer de les comprendre, car ses sens ne sont pas les miens. Mon but c’est de comprendre mon propre rôle au monde et d’interpréter les éléments naturels pour produire des objets. Des objets d’une réalité inconnue. » Sérgio Carronha
Frac des Pays de la Loire
24 bis Boulevard Ampère, La Fleuriaye
44470 Carquefou
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T(+33) 02 28 01 50 00