25 octobre 2023

Tour de France des Frac : Frac Poitou-Charentes

© Frac Poitou-Charentes
© Frac Poitou-Charentes

Le Frac Poitou-Charentes est, avec le Frac Nouvelle-Aquitaine Méca et le Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine, l’un des trois Frac de la grande Région Nouvelle Aquitaine. Son activité s’organise en deux sites : un espace d’exposition et de documentation à Angoulême, sur les rives de la Charente et des espaces de réserves, d’exposition et d’expérimentation dans le site de Linazay (Vienne) en bord de nationale 10 et à mi-distance entre Poitiers et Angoulême.

Il déploie également sa collection en région grâce à une équipe collection et médiation qui s’est peu à peu spécialisée dans le montage de projets sur mesure mettant au premier plan la dimension collaborative dans le commissariat d’expositions impliquant étroitement les publics et les contextes d’accueil.

Sa collection est façonnée suivant plusieurs axes d’acquisitions :

1. « Efficiences critiques de l’art », qui marque un intérêt continu pour les démarches artistiques qui discutent les institutions, formes et formats établis du monde de l’art, travaillent les notions de liberté et de démocratie et expérimentent des sociabilités et interactions nouvelles avec et par l’art.

2. « Esthétiques et imageries contemporaines », qui s’articule avec la culture angoumoisine de création, de production et de diffusion d’images et de narrations visuelles.

3. « Décentrements culturels », qui  vise à enrichir la  collection d’œuvres qui, par leur sujet et/ou par la biographie de leurs auteurs, l’ouvrent à des espaces culturels extra-occidentaux, à une conscience postcoloniale, à la question de la fabrication de l’Histoire et à l’expression des dignités et des minorités.

Les temps forts de 2023

Exposition « Faire Barrage »
Du 6 octobre 2023 au 9 mars 2024

Exposition
Exposition « Faire Barrage » © Yann Gachet

Conçue par l’ensemble de l’équipe du Frac Poitou-Charentes, l’exposition Faire Barrage réunit une multiplicité de regards, d’approches et de sensibilités sur sa collection et plus particulièrement sur ses acquisitions récentes. Les œuvres choisies évoquent un point de rupture de l’usage des espaces et des ressources naturelles, un grand bouleversement du monde où la présence humaine est décentrée, intimement mêlée à des processus de destruction, de transformation ou de réparation. La sélection s’est nourrie du désir de déployer et de partager certaines œuvres encore jamais montrées à Angoulême et de l’élan d’opérer des gestes simples en rapport à l’espace d’exposition : ouvrir une cloison, considérer le fleuve en face du bâtiment, appréhender les murs très hauts, etc.

Joan Ayrton, Emily Bates, Gaëlle Foray, Laura Huertas Millán*, Suzanne Husky, Martin Kersels, Gaëlle Leenhardt, Bea McMahon, François Méchain**, Mrzyk & Moriceau, Alexandra Pouzet, Shanta Rao, Vincent Shine.

Œuvres de la collection du Frac Poitou-Charentes et

* courtoisie, Laura Huertas Millán – Le Fresnoy dans le cadre de la 4e édition de BIENALSUR Biennale Internationale d’Art Contemporain du Sud

** courtoisie, Nicole Vitré-Méchain

Dispositif « En ateliers »

Frac Poitou-Charentes
Site de Linazay [Réserves et espaces d’expérimentation]
Avec le collectif Acte & Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine

Florian de la Salle, Résidence au Frac Poitou-Charentes, 2022 © Yann Gachet
Florian de la Salle, Résidence au Frac Poitou-Charentes, 2022 © Yann Gachet

Impulsé par le désir du collectif Acte de penser un nouveau format de résidence d’artiste, le dispositif En ateliers a trouvé un écho, en 2023, auprès de Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine et au sein du Frac Poitou-Charentes dont le projet attribue une large place à l’expérimentation, tout particulièrement sur son site de Linazay.

Premier à en bénéficier, Florian de la Salle y a été accueilli en résidence de février à septembre 2023. Durant cette période, l’artiste a disposé d’espaces d’accrochage et de stockage qui lui ont permis de déployer quinze années de production et de reconsidérer son travail. Un contexte propice pour tenter des rapprochements entre ses œuvres, les transformer, les documenter et inviter des regards de professionnel·les à l’accompagner dans cette démarche.

La Créafripe Parade de Vava Dudu

Un Défilé Recycle Chic accueilli par la communauté d’Emmaüs

« Créafripe Parade » de Vava Dudu © Frac Poitou-Charentes

Farouchement indépendante, Vava Dudu est une artiste pluridisciplinaire dont les créations faites à partir d’objets de récupération irriguent autant le milieu underground que les mass médias. Styliste en dehors de tout courant, elle a travaillé comme accessoiriste pour Jean-Paul Gaultier, habillé Björk et Lady Gaga et créé une marque avec Fabrice Lorrain. Entre janvier et avril 2023, Vava Dudu a animé des ateliers de création textile à partir de vêtements de seconde main, dans le cadre de la Créa Fripe Parade, projet d’éducation artistique et culturelle porté le Frac Poitou-Charentes et La Nef, scène de musiques actuelles du Grand Angoulême.

Ces ateliers ont réunit des écoliers, des lycéens, une classe de CAP Vêtement flou, un groupe d’élèves d’IME, plusieurs ateliers de couture de Centres Sociaux et les compagnes, compagnons et bénévoles de la Communauté d’Emmaüs de La Couronne. À l’issue de ces ateliers, un grand Défilé Recycle Chic, intégralement produit par les enfants et les artistes a été accueilli à la Communauté d’Emmaüs de La Couronne, partenaire du projet, dans le cadre de la Fête des Arts le 10 juin 2023.

Créafripe Parade de Vava Dudu © Frac Poitou-Charentes
Créafripe Parade de Vava Dudu © Frac Poitou-Charentes

Tymparétine

Michel Blazy, Sans titre (Derviches tourneurs), 1993, Sacs plastiques blancs © Adagp, Paris, 2023
Michel Blazy, Sans titre (Derviches tourneurs), 1993, Sacs plastiques blancs © Adagp, Paris, 2023
Athi Patra Ruga, The Naivety of Beiruth #1, 2007, Lightjet print © droits réservés
Athi Patra Ruga, The Naivety of Beiruth #1, 2007, Lightjet print © droits réservés

Tympanrétine est un dispositif de médiation inédit qui réunit des paroles multiples (d’enfants & d’adultes) à travers une série de capsules sonores autour d’œuvres de la collection du Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes. Ces narrations sonores s’adressent prioritairement aux personnes en situation de déficience visuelle mais constituent également une entrée sensible dans l’approche des œuvres pour tous les publics. Ces capsules ont vocation à exister aussi bien in situ par l’intermédiaire de bornes d’écoutes mobiles sur le territoire, que par les voies du web.

Les capsules sont conçues par des professionnel·les de la médiation et du documentaire sonore en dialogue étroit avec le public malvoyant pour qui elles sont conçues. Ce projet constitue de fruit d’un partenariat avec la radio locale et citoyenne ZaÏ ZaÏ, l’agence de création Fichtre Diantre et l’association Valentin Haüy, Acteur historique de l’aide aux personnes déficientes visuelles.

Découvrez ici les deux premières capsules sonores

Michel Blazy, Sans titre (Derviches tourneurs), 1993, Collection Frac Poitou-Charentes

Athi Patra Ruga, The Naivety of Beiruth #1, 2007, Collection Frac Poitou-Charentes

Focus sur des acquisitions récentes du FRAC

La parole aux équipes

Julie Perez © Yann Gachet
Julie Perez © Yann Gachet

Julie Perez, médiatrice

– En quoi consiste votre métier ? Quelles sont vos missions ?

La médiation culturelle est une histoire de rencontre : rencontre des publics avec des artistes, leurs démarches et leurs œuvres. Le métier de médiateur·rice consiste donc à contribuer à la qualité de cette rencontre en imaginant des outils et des dispositifs, en aménageant des espaces, en créant des liens, en partageant, en échangeant, en étant là. Au sein du FRAC Poitou-Charentes, mon rôle est de concevoir et de réaliser des actions de médiation destinées à tous les publics et cela en collaboration avec mon collègue chargé des publics et ma collègue chargée d’accueil-médiatrice. Ce rôle se décline en plusieurs missions telles que : l’accompagnement des publics à l’occasion de visites de nos expositions intra-muros et sur le territoire régional, la création de supports d’aides à la visite (guides de visite pour adultes et pour enfants, supports pédagogiques pour les enseignants, etc.) ou la réalisation d’ateliers de pratique artistique. Dans le cadre de la diffusion territoriale de sa collection, le FRAC Poitou-Charentes propose des dispositifs de médiation – diffusion que j’accompagne. Il s’agit par exemple de proposer à des élèves de devenir les commissaires d’une exposition qui aura lieu dans leur établissement scolaire, à des personnes détenues dans une maison d’arrêt d’accueillir une œuvre de la collection et d’échanger autour de celle-ci, à une médiathèque de proposer à ses usagers une exposition dont le contenu et le guide de visite ont été imaginés et créés par des enfants, etc.

– Quels sont les points forts et les points faibles de ce métier ?

Ce métier a de nombreux avantages lorsque l’on aime partager et transmettre. Il permet d’être au contact de publics très différents, de travailler en collaboration avec une équipe, des artistes, des partenaires variés, d’alterner un travail de bureau et un travail sur le terrain. Aucune journée ne se ressemble. Malheureusement, c’est un métier qui manque encore de reconnaissance et de visibilité.

– Quels dispositifs avez-vous développé afin de diffuser au mieux la collection sur le territoire ?

Depuis quelques années, nous avons modifié notre manière de travailler avec nos partenaires en privilégiant les projets sur mesure, construits sur un mode collaboratif et en impliquant au maximum les bénéficiaires du projet. Par exemple, durant un an, l’équipe du Frac a accompagné un groupe d’habitants dans la conception et la réalisation d’une exposition au Château de Oiron dans les Deux-Sèvres. Cela a été une expérience très chouette, enrichissante et inspirante et depuis, à d’autres échelles, nous continuons à travailler sur ces questions de commissariat collaboratif. On en a même fait un dispositif appelé « Tandem » qui permet au partenaire d’avoir une place centrale dans la conception d’une exposition qu’il va accueillir. C’est très impliquant pour l’équipe de médiation du Frac mais aussi pour les partenaires. C’est chronophage mais c’est super de voir des personnes, parfois très éloignées de l’art contemporain, s’impliquer autant pour défendre une idée, des choix ou des envies. Et la cerise sur le gâteau c’est quand ces personnes deviennent médiatrices de leur exposition !
Depuis deux ans, « Pas touche ! » circule sur le territoire, il s’agit d’une exposition résultant d’un projet mené en collaboration avec la maison d’édition Biscoto. Nous avons accompagné un groupe d’enfants dans la conception d’une exposition et dans la rédaction d’un numéro spécial du magazine Biscoto qui fait office de guide de visite. Dans le cadre scolaire, nous avions envie de favoriser une expérience active des œuvres en impliquant les élèves et leurs enseignants. Pour cela, nous avons imaginé le dispositif « Les colporteurs » qui invite chacun à porter un regard sur une œuvre de la collection qui est présentée dans l’établissement scolaire durant plusieurs semaines. À l’issue de l’activation de ce dispositif, nous collectons des textes ou des productions plastiques qui enrichissent l’interprétation de l’œuvre et qui sont consignés dans un registre disponible au centre de documentation du Frac et donc consultable par tous. On réfléchit à une valorisation des contenus produits qui soit accessible en ligne.

– Quels sont les enjeux à venir à la fois au sein du métier mais aussi du FRAC ?

Dans ce métier, il faut savoir s’adapter, se renouveler, innover. Les pratiques culturelles évoluent et les offres de médiation que nous proposons doivent suivre. Les enjeux environnementaux actuels doivent sans doute aussi être pris en compte dans notre façon d’exercer notre métier.

Régis Fabre © Yann Gachet
Régis Fabre © Yann Gachet

Régis Fabre, chargé de collection

« Chargé de Collection au sein du Frac Poitou-Charentes, j’ai à mon actif près de 20 années d’expériences professionnelles. Polyvalent dans le poste, j’assure la gestion administrative, logistique et juridique des mouvements d’œuvres. Je veille à l’application et au respect des normes de conservation préventive. En lien avec la régie, j’ai également à ma charge l’organisation des plannings techniques et des ressources humaines pour les montages et démontages des expositions intramuros.

La collection est particulièrement représentative de la création artistique nationale et internationale des 40 dernières années. À ce jour, le fichier de la collection fait état de près de 1000 œuvres concernant environ 5000 objets. Elle réunit des ensembles remarquables dans des domaines diversifiés, peinture, œuvres graphiques, sculpture, installation, vidéo, performance, et la photographie y est particulièrement représentée (35% de la collection). »

Équipe du Frac Poitou-Charentes (de gauche à droite). En haut : Régis Fabre (chargé de collection), Béatrice Pailler (administratrice), Stéphane Marchais (chargé des publics). En bas : Julie Perez (médiatrice), Oriane Zugmeyer (chargée de projets artistiques et culturels, communication), Émilie Mautref (chargée d'accueil, de médiation et de communication). © Yann Gachet
Équipe du Frac Poitou-Charentes (de gauche à droite). En haut : Régis Fabre (chargé de collection), Béatrice Pailler (administratrice), Stéphane Marchais (chargé des publics). En bas : Julie Perez (médiatrice), Oriane Zugmeyer (chargée de projets artistiques et culturels, communication), Émilie Mautref (chargée d’accueil, de médiation et de communication). © Yann Gachet
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