Tour de France des Frac : Frac Picardie

2023 est de toute évidence une année charnière dans la dynamique de relance du Frac Picardie Hauts-de-France. Première année du projet artistique et culturel 2023-2025 du Frac Picardie intitulé « Ce que les artistes nous disent de la transformation du monde ».

Les fondations sont désormais posées pour développer un projet singulier et original qui se veut avant tout à l’écoute de ses territoires et de ses habitants pour développer des échelles de projets où les artistes sont au cœur de toutes les dynamiques de façon innovante, inclusive et parfois expérimentale.

Favoriser la rencontre entre tous les habitants où qu’ils soient et la création contemporaine et plus particulièrement les écritures dessinées dans leur diversité est un enjeu majeur pour ce territoire singulier, afin de surpasser toutes les formes de précarités et de déterminisme social et économique.

Le Frac Picardie entend mettre en partage ses ressources pour faire en sorte que l’accès à la culture contemporaine soit une réalité objective et que les droits culturels soient au rendez-vous sur l’ensemble de ce territoire rural. C’est un devoir et une responsabilité que nous avons en tant que label national d’œuvrer avec militantisme dans une proximité avec les artistes et les habitants mais également en étant à l’écoute et dans l’accompagnement des acteurs culturels, des associations et collectivités qui souhaitent s’engager sur le terrain du contemporain et faire projet ensemble.

L’année 2023 est marquée par plusieurs expositions dont « Pirouettes » qui a lancé la saison culturelle du Frac Picardie. Cette installation évolutive présentait en début d’année le travail de quatre designers : Baptiste Meyniel, Jean-Simon Roch, Marion Pinaffo et Raphaël Pluvinage. Ils ont imaginé une nouvelle manière de faire exposition commune par l’invention et la mise en œuvre d’un dispositif, qui donne à voir le cheminement de la création d’un objet dans ses différentes étapes de recherche, conception, production, documentation et activation. Cette installation au travers de son ingéniosité a intrigué, étonné, amusé les visiteur·euses, des plus petits aux plus grands.

2023 a été l’occasion pour le Frac d’une nouvelle collaboration avec la Maison de l’Architecture des Hauts-de-France dans le cadre de la saison du dessin que nous avons initié. L’exposition « Printemps Silencieux » présentait d’avril à juin une sélection des dernières acquisitions de la collection du Frac Picardie. Il ne s’agissait pas uniquement de « faire exposition » mais à travers la mise en récit d’un corpus d’œuvres acquises entre 2020 et 2022 (Damien Deroubaix, Jochen Gerner, Irène Kopelman, François Olislaeger, Raphaëlle Peria, Boryana Petkova, Hugues Reip, Clément Verger) de rendre hommage à Rachel Carson et à son ouvrage « Printemps silencieux » paru en 1962, auquel l’exposition emprunte son titre et qui contribua à lancer le mouvement écologiste dans le monde occidental au début des années 60. Nous avons également inauguré dans le cadre de notre saison du dessin, notre partenariat avec le Département de la Somme avec une première exposition à l’Abbatiale de Saint-Riquier « Des doigts au bout des yeux ». De même à Chantilly avec l’exposition « Faire passer le jour » au Musée de la Dentelle de Chantilly.

L’été fut propice à un véritable parcours entre Amiens et Soissons en partenariat avec la Galerie Totem d’Amiens Métropole et l’Arsenal de Soissons en invitant Julien Beneyton à investir les différents espaces du Frac, la Galerie Totem situé sur le parvis de la Cathédrale d’Amiens et l’Arsenal. Sous le commissariat de Philippe Piguet, Julien Beneyton a présenté des œuvres issues de collections privées et publiques, datant de ses vingt dernières années et qui abordent des thématiques variées empreintes de singularité et de sincérité. D’ailleurs une œuvre récente et emblématique intitulée « Hortillonnages », fruit de sa rencontre avec la famille de maraichers Parmentier et qui s’accompagne de la réalisation d’un poster diffusé gratuitement.

La rentrée 2023 s’est ouverte avec l’exposition « Le sentiment du dessin » au Musée d’art Contemporain à Marseille. Un temps fort labellisé 40 ans des Frac, donnant à voir pour la première fois la mise en récit d’un corpus de dessins anciens provenant de la collection magistrale de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris avec un corpus de dessins provenant des collections des Musées de Marseille et une sélection d’œuvres de la collection du Frac Picardie.

Nous clôturons la programmation culturelle du Frac Picardie avec l’exposition « Ces petits objets n’étaient nullement nécessaires à la survie matérielle du groupe » de notre artiste associé François Olislaeger. Il présentera le premier chapitre d’une histoire de l’art dessinée mettant en dialogue ses propres dessins et les œuvres de la collection du Frac Picardie.

Le 25 mars 2023, Baptiste Meyniel, un des 4 designers de l’exposition « Pirouettes », s’est rendu au Frac Picardie pour présenter le « Kit d’outils à dessin » un atelier réactivable pouvant proposer à des groupes ou à des particuliers de se plonger dans la pratique de l’artiste. Constitué de modules pouvant faire office de pinceaux ou de tampons, le kit permet de créer des propositions graphiques esthétiques et variées. Initialement réalisé avec les éditions Fotokino, il a été co-édité avec le Frac Picardie et avec le soutien du Signe- Centre National du Graphisme

Accompagné de l’interprète en Langue des signes française (LSF) Corinne Delobel et de l’artiste lui-même, l’atelier a été réalisé dans le cadre des « Labos du Samedi » qui proposent tous les samedis à 15h une visite et/ou un atelier encadrés par des médiateur·ices du Frac Picardie ou par les artistes eux-mêmes.

• Peux-tu nous dire depuis combien de temps tu travailles au Frac et comment s’est constitué le fonds documentaire du Frac Picardie ?

Je travaille au Frac Picardie depuis 12 ans, je suis désormais « l’ancien » au sein d’une équipe de 12 salarié·es réparti·es en cinq pôles :

Administration,
Communication,
Collection & expositions,
Territoires & Habitants,
Documentation.

Le fonds du centre de documentation s’est constitué au fil des années, depuis sa création en 1990, par des achats réguliers, par des ouvrages reçus gratuitement de galeries, d’artistes, de structures culturelles, par des échanges et par des dons. À noter un don important de la DRAC en 1993 et depuis 2019, des dons réguliers de Florence et Daniel Guerlain, actuellement Présidents du Frac Picardie.

Nous avons aujourd’hui un fonds documentaire riche de plus de 20 000 documents : monographies, catalogues d’expositions, essais, livres d’artistes, brochures et périodiques.

• De quoi est constitué ce fonds ? Comment est menée la veille sur les artistes de la collection ?

Bien évidemment, notre fonds est spécialisé dans le domaine de l’art contemporain. Il faut toutefois noter l’importance du corpus « dessin contemporain » lié à la singularité de notre collection d’œuvres, ainsi que l’attention portée à la documentation sur les artistes de la collection.

Les acquisitions découlent d’un travail de veille permanent dans la presse spécialisée ainsi que dans les newsletters et programmes divers que nous recevons. Il faut aussi savoir être à l’affût lors des réunions, des vernissages, des salons professionnels, des discussions informelles pour capter des informations sur des publications ou de la documentation qui ne circule pas toujours sur les réseaux traditionnels d’informations.

• Quelle est la place du centre de documentation au Frac Picardie ? Quel rôle tient-il ?

La réorganisation spatiale du Frac initiée par l’arrivée de Pascal Neveux en 2020 a placé le centre de documentation au cœur de l’espace dédié aux visiteur·euses. Il est désormais impossible de visiter une exposition, de participer à un atelier, à un vernissage, à une réunion sans voir la documentation.

Le centre de documentation reste certes un lieu de travail et de recherche à usage interne et externe avec l’accès en consultation sur place de nos ressources, mais sa nouvelle visibilité s’accompagne aussi de nouveaux usages.

Par un accès facilité et favorisé à certains documents, il invite nos visiteur·euses à utiliser spontanément la documentation pour le plaisir de la découverte. L’usage « loisir » est donc venu compléter l’usage « travail ».

Par des focus d’ouvrages présentés en lien avec nos expositions dans les murs, il apporte un complément d’informations pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur le ou les artistes exposé·es.

Par des focus liés aux activités du Frac (les prêts d’œuvres, les expositions hors les murs, les résidences…), il contribue à faire connaître l’intensité et la diversité des projets que nous menons tout au long de l’année.

Enfin, nous travaillons depuis trois ans à la valorisation de notre fonds de livres singuliers (livres d’artistes, fanzines, éditions d’art). Cela se traduit par des projets renouvelés chaque année avec les étudiant·es de l’UFR des Arts et de DN MADE, par un projet éducatif autour du livre d’artiste que nous menons actuellement avec un collège de l’Oise et par l’organisation annuelle de « Ping-Pong », le micro salon de la micro édition et de l’édition contemporaine.

• Quels sont tes liens avec les centres de documentation des autres Frac et que peux-tu nous dire d’une manière générale sur les fonds documentaires des Frac ?

Je n’ai pas de liens réguliers avec les autres centres de documentation des Frac, mais lorsque j’ai l’occasion de les solliciter, le retour est toujours chaleureux et intéressant.

• À ton avis, quels seraient les enjeux importants à l’avenir pour les ressources documentaires des Frac ?

Les centres de documentation des Frac ont des fonds documentaires et des missions similaires. À mon avis, s’il était possible de se rencontrer régulièrement, par exemple tous les 2 ou 3 ans, nous pourrions apprendre beaucoup en échangeant sur nos pratiques professionnelles et nos différentes expériences. Je garde d’ailleurs un très bon souvenir du forum documentation et édition organisé en 2018 par Platform.

Ces rencontres pourraient aussi être l’occasion d’initier des projets de mutualisation, je pense par exemple à la rédaction de cartels développés sur les livres d’artistes. Nous avons tous des livres d’artistes dans nos fonds documentaires, ils suscitent bien souvent l’intérêt du public, mais il n’existe quasiment pas de ressources permettant d’en faire la médiation. Nous pourrions nous répartir la rédaction de cartels, dont la mutualisation profiterait à l’ensemble des centres de documentation.