Chaque semaine, une œuvre des collections des Frac est mise en avant sur cette page.
Nouvelle acquisition au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
« Dream My Ride » par Juliana Dorso, œuvre récemment intégrée à la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA.
Cette pièce, créée en 2022, explore le queer tuning, une approche alternative du tuning automobile qui questionne la notion d’espace personnel, de soin et de lien social.
Composée de 19 dessins aux crayons de couleur, cette série s’inspire d’un livre de photographie de tuning. Juliana Dorso y isole des détails de voitures — phares, jantes, rétroviseurs — les transformant en éléments décoratifs à part entière, loin de leur fonction initiale.
Fascinée par la capacité des objets à raconter des histoires, l’artiste développe ici une réflexion autour du nomadisme, de la création d’un espace intime et de l’affirmation de soi. Inspirée par Une Chambre à soi de Virginia Woolf, elle applique cette idée à son propre véhicule, un van aménagé en atelier mobile, qui devient à la fois un espace de vie et de création.
Bester VII par Zanele Muholi
L’œuvre « Bester VII, Newington, London » fait partie de la collection du FRAC RÉUNION.
Cette pièce explore l’identité, la mémoire et la représentation des femmes noires, en affirmant leur beauté et leur pouvoir face aux récits dominants.
La série « Somnyama Ngonyama (MaID) » joue sur les contrastes : dans cet autoportrait la noirceur lumineuse de la peau se détache d’une étoffe plissée, avec « Bester V » l’artiste utilise des objets du quotidien — des pinces à linge ou des tampons à récurer — qui deviennent alors des ornements. Ce titre fait référence à la figure de « la bonne », un hommage à Bester Muholi, la mère de l’artiste.
Conservée dans la collection du FRAC Réunion océan Indien, cette œuvre impose la rencontre, défie les regards et inscrit l’existence des femmes noires dans l’histoire de l’art.
Nouvelle acquisition au Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine
Idiopolis (I-X) par l’artiste Nefeli Papadimouli.
Nefeli Papadimouli, née en 1988 à Athènes, est une artiste et architecte qui vit et travaille à Paris. Son œuvre « Idiopolis (I – X) », créée en 2024 pour la 17e Biennale de Lyon, explore la notion d’espace commun et sa relation aux corps.
Cette installation évoque la structure architecturale des wagons, faisant ainsi référence à l’histoire des anciennes usines ferroviaires, lieux de travail ouvrier et théâtres de luttes sociales et syndicales. L’œuvre se présente sous deux états distincts :
En grève : des sculptures-vêtements statiques
En action : activée par des amateurs lors de performances collectives orchestrées par l’artiste
« Idiopolis (I – X) » brouille les frontières entre différentes disciplines artistiques, allant de l’action participative à l’installation textile. À travers cette œuvre, Papadimouli élabore des « cartographies relationnelles » et examine la manière dont les corps collectifs créent de nouvelles configurations spatiales et sociales.
L’installation s’inscrit dans la démarche artistique plus large de l’artiste, qui vise à créer des espaces de rencontre radicalement inclusifs. Son travail permet d’entrevoir de nouvelles politiques de connexion, fondées sur des rapports d’interdépendance et d’écoute mutuelle.
La Mer par Ange Leccia
La Mer (1991) fait partie de la collection du FRAC Corsica depuis 1992.
« Réalisée par Ange Leccia, cette œuvre vidéo capte le mouvement perpétuel des vagues, offrant une vision hypnotique et épurée de la mer Méditerranée. Ici, l’image ne décrit pas un paysage, mais une matière en mouvement, une oscillation continue entre apparition et disparition. Filmée avec un basculement à 90 degrés, La Mer rompt avec la perspective traditionnelle. Le rivage n’apparaît plus comme un repère stable : il devient une ligne mouvante qui défie la gravité. L’image se transforme en une surface abstraite, où l’écume dessine sans cesse de nouvelles formes, témoignant du passage du temps.
Ce rythme cyclique, sans début ni fin, invite le spectateur à une immersion totale, entre contemplation et perte de repères. En effaçant tout ancrage géographique, Ange Leccia donne à La Mer une portée universelle. Peu importe où elle a été filmée : elle appartient avant tout à un imaginaire, à une mémoire collective. Son mouvement constant évoque une pulsation silencieuse, une respiration du monde. L’œuvre se fait alors écho du vivant, entre puissance et fragilité. »
Fabien Danesi, directeur du FRAC Corsica