27 février 2025

LES COLLECTIONS DES FRAC

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Chaque semaine, une œuvre des collections des Frac est mise en avant sur cette page.

Juliana DORSO, « Dream My Ride », 2022 © Adagp, Paris, 2025. Collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA. Crédit photographique : Jean-Christophe Garcia
Juliana DORSO, « Dream My Ride », 2022 © Adagp, Paris, 2025. Collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA. Crédit photographique : Jean-Christophe Garcia

Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA

Nouvelle acquisition au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA

« Dream My Ride » par Juliana Dorso, œuvre récemment intégrée à la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA.

Cette pièce, créée en 2022, explore le queer tuning, une approche alternative du tuning automobile qui questionne la notion d’espace personnel, de soin et de lien social.
Composée de 19 dessins aux crayons de couleur, cette série s’inspire d’un livre de photographie de tuning. Juliana Dorso y isole des détails de voitures — phares, jantes, rétroviseurs — les transformant en éléments décoratifs à part entière, loin de leur fonction initiale.

Fascinée par la capacité des objets à raconter des histoires, l’artiste développe ici une réflexion autour du nomadisme, de la création d’un espace intime et de l’affirmation de soi. Inspirée par Une Chambre à soi de Virginia Woolf, elle applique cette idée à son propre véhicule, un van aménagé en atelier mobile, qui devient à la fois un espace de vie et de création.

Zanele Muholi, Bester VII, Newington, London, 2017. Série Somnyama Ngonyama (MaID). Photographie, tirage sur papier, 250 x 176,5 cm. © Zanele Muholi
Zanele Muholi, Bester VII, Newington, London, 2017. Série Somnyama Ngonyama (MaID). Photographie, tirage sur papier, 250 x 176,5 cm. © Zanele Muholi

FRAC RÉUNION

Bester VII par Zanele Muholi

L’œuvre « Bester VII, Newington, London » fait partie de la collection du FRAC RÉUNION.

Cette pièce explore l’identité, la mémoire et la représentation des femmes noires, en affirmant leur beauté et leur pouvoir face aux récits dominants.
La série « Somnyama Ngonyama (MaID) » joue sur les contrastes : dans cet autoportrait la noirceur lumineuse de la peau se détache d’une étoffe plissée, avec « Bester V » l’artiste utilise des objets du quotidien — des pinces à linge ou des tampons à récurer — qui deviennent alors des ornements. Ce titre fait référence à la figure de « la bonne », un hommage à Bester Muholi, la mère de l’artiste.

Conservée dans la collection du FRAC Réunion océan Indien, cette œuvre impose la rencontre, défie les regards et inscrit l’existence des femmes noires dans l’histoire de l’art.

Nefeli PAPADIMOULI, Idiopolis (I-X), 2024 Oeuvre textile 320 x 3000 x 30 cm Collection Frac Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine © Adagp, Paris, 2025 Crédit photo : Jair Lanes Acquise en 2024.
Nefeli PAPADIMOULI, Idiopolis (I-X), 2024 Oeuvre textile 320 x 3000 x 30 cm Collection Frac Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine © Adagp, Paris, 2025 Crédit photo : Jair Lanes Acquise en 2024.

FRAC-ARTOTHÈQUE NOUVELLE-AQUITAINE

Nouvelle acquisition au Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine

Idiopolis (I-X) par l’artiste Nefeli Papadimouli.

Nefeli Papadimouli, née en 1988 à Athènes, est une artiste et architecte qui vit et travaille à Paris. Son œuvre « Idiopolis (I – X) », créée en 2024 pour la 17e Biennale de Lyon, explore la notion d’espace commun et sa relation aux corps.

Cette installation évoque la structure architecturale des wagons, faisant ainsi référence à l’histoire des anciennes usines ferroviaires, lieux de travail ouvrier et théâtres de luttes sociales et syndicales. L’œuvre se présente sous deux états distincts :

En grève : des sculptures-vêtements statiques

En action : activée par des amateurs lors de performances collectives orchestrées par l’artiste

« Idiopolis (I – X) » brouille les frontières entre différentes disciplines artistiques, allant de l’action participative à l’installation textile. À travers cette œuvre, Papadimouli élabore des « cartographies relationnelles » et examine la manière dont les corps collectifs créent de nouvelles configurations spatiales et sociales.
L’installation s’inscrit dans la démarche artistique plus large de l’artiste, qui vise à créer des espaces de rencontre radicalement inclusifs. Son travail permet d’entrevoir de nouvelles politiques de connexion, fondées sur des rapports d’interdépendance et d’écoute mutuelle.

Ange Leccia, La Mer, 1991. Vidéo, 2h. Collection du FRAC Corsica. ©Adagp, Paris. © Ange Leccia.
Ange Leccia, La Mer, 1991. Vidéo, 2h. Collection du FRAC Corsica. ©Adagp, Paris. © Ange Leccia.

FRAC Corsica

La Mer par Ange Leccia

La Mer (1991) fait partie de la collection du FRAC Corsica depuis 1992.

« Réalisée par Ange Leccia, cette œuvre vidéo capte le mouvement perpétuel des vagues, offrant une vision hypnotique et épurée de la mer Méditerranée. Ici, l’image ne décrit pas un paysage, mais une matière en mouvement, une oscillation continue entre apparition et disparition. Filmée avec un basculement à 90 degrés, La Mer rompt avec la perspective traditionnelle. Le rivage n’apparaît plus comme un repère stable : il devient une ligne mouvante qui défie la gravité. L’image se transforme en une surface abstraite, où l’écume dessine sans cesse de nouvelles formes, témoignant du passage du temps.

Ce rythme cyclique, sans début ni fin, invite le spectateur à une immersion totale, entre contemplation et perte de repères. En effaçant tout ancrage géographique, Ange Leccia donne à La Mer une portée universelle. Peu importe où elle a été filmée : elle appartient avant tout à un imaginaire, à une mémoire collective. Son mouvement constant évoque une pulsation silencieuse, une respiration du monde. L’œuvre se fait alors écho du vivant, entre puissance et fragilité. »

Fabien Danesi, directeur du FRAC Corsica

Yassine Ben Abdallah, Bittersweetmemory of the plantation, 2022. Installation, 50 cm x 10 cm x 12 cm. Crédit : Yassine Ben Abdallah
Yassine Ben Abdallah, Bittersweetmemory of the plantation, 2022. Installation, 50 cm x 10 cm x 12 cm. Crédit : Yassine Ben Abdallah

FRAC RÉUNION

Nouvelle acquisition au FRAC RÉUNION

« Bittersweetmemory of the Plantation » par Yassine Ben Abdallah.

Cette pièce, créée en 2022, explore la mémoire coloniale et les récits invisibilisés, un sujet essentiel pour repenser notre rapport à l’histoire et aux traces laissées – ou effacées – par le passé.
À travers cet objet, l’artiste interroge l’héritage de la monoculture de la canne à sucre à La Réunion. Dans un contexte où peu d’objets témoignent de l’expérience des esclaves et des travailleur·euses engagé·es, les sabres aux lames de sucre réveillent une mémoire collective longtemps occultée.

Yassine Ben Abdallah, artiste designer, puise dans les objets du quotidien réunionnais pour en faire des supports des récits historiques invisibles ou invisibilisés. Au travers de cette acquisition, le FRAC Réunion océan Indien réaffirme sa politique volontariste en faveur du design, mais aussi et surtout envers les enjeux de réappropriation par l’énonciation de récits situés.

Visuel : Susana Solano, Pervigiles Popinae, 1986. Sculpture, fer soudé, boulons, 303,5 x 342 x 105,5 cm. Crédit photo : Frédéric Delpech © Adagp, Paris
Visuel : Susana Solano, Pervigiles Popinae, 1986. Sculpture, fer soudé, boulons, 303,5 x 342 x 105,5 cm. Crédit photo : Frédéric Delpech © Adagp, Paris

FRAC NOUVELLE-AQUITAINE MÉCA

Pervigiles Popinae » par Susana Solano

Susana Solano, sculptrice espagnole, figure majeure de l’art contemporain, dont l’œuvre Pervigiles Popinae créé en 1986 est entrée dans la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA à Bordeaux en 1988.

Cette sculpture explore la matérialité, l’espace et le mystère, jouant avec les notions de protection et d’hermétisme. Inspirée du registre du mobilier, elle évoque une présence architecturale à la fois massive et aérienne.

Réalisée en tôle de fer découpée, pliée et soudée, sa rigidité est adoucie par des ondulations concaves et des angles arrondis, tandis que la surface métallique cirée reflète subtilement la lumière.

En quelques mots : « Susana Solano volatilise la sensation de masse pesante, mais conserve toujours le sens hermétique, protège le mystère. » — Francisco Calvo Serraller, critique d’art.
Ce mystère que l’artiste, en choisissant des titres souvent sibyllins, se garde bien de lever, laissant l’œuvre ouverte à l’interprétation des spectateurs.rices.

La Ribot, Walk the bastards, décembre 2017. Texte écrit sur le mur, 11 chaises pliantes manufacturées, usées pyrogravées et modifiées, texte manuscrit au mur. Dimensions variables. © La Ribot Crédit photographique : © Courtesy of Galería Max Estrella
La Ribot, Walk the bastards, décembre 2017. Texte écrit sur le mur, 11 chaises pliantes manufacturées, usées pyrogravées et modifiées, texte manuscrit au mur. Dimensions variables. © La Ribot Crédit photographique : © Courtesy of Galería Max Estrella

FRAC FRANCHE-COMTÉ

Walk the bastards par La Ribot

La Ribot, performeuse, danseuse et chorégraphe mais aussi figure emblématique de l’art contemporain, dont l’œuvre « Walk the bastards » fait partie de la collection du Frac Franche-Comté à Besançon depuis 2022

Avec cette pièce, l’artiste, qui a réalisé plusieurs œuvres autour de la question des figurant.e.s, évoque le thème des surnuméraires, de leur invisibilité et de la discrimination dont font l’objet celles et ceux qui sont différent.e.s.

« Walk the Bastards » est composé des onze chaises qui ne furent pas retenues – parce qu’elles étaient défectueuses, non conformes, « bâtardes » – lors de la réalisation de Walk the Chairs (2010), œuvre de La Ribot acquise par le Centre Pompidou.

Ces chaises peuvent être manipulées. On peut également s’asseoir dessus et observer la vie environnante. Cependant, contrairement à celles de Walk the Chairs, elles ne doivent en aucun cas être séparées.

Cette oeuvre fut visible lors de l’exposition Attention, on danse ! présentée au Frac Franche-Comté du 28 avril au 24 octobre 2024.
Plus d’informations sur l’œuvre sur navigart.fr

Visuel : Monia Ben Hamouda, Aniconism as figurative urgency (Wahid), 2021, œuvre en 3 dimensions, installation, acier découpé au laser, poudres d’épices, 183 x 147 x 0,3 cm. © Monia Ben Hamouda.
Visuel : Monia Ben Hamouda, Aniconism as figurative urgency (Wahid), 2021, œuvre en 3 dimensions, installation, acier découpé au laser, poudres d’épices, 183 x 147 x 0,3 cm. © Monia Ben Hamouda.

FRAC CORSICA

Aniconism as Figurative Urgency (Wahid) par Monia Ben Hamouda

Acquise en 2021 par le FRAC Corsica.

« Réalisée en acier découpé et poudres d’épices, cette sculpture suspendue de Monia Ben Hamouda associe gestes performatifs et savoir-faire traditionnel. Par un jeu de superpositions et d’empreintes, l’artiste explore la tension entre héritage spirituel et langage contemporain, cherchant à représenter sans figurer, à évoquer sans nommer. S’inspirant de l’aniconisme dans l’art islamique, Monia Ben Hamouda réinterprète cette absence de représentation en lui donnant une forme inédite, marquée par la transformation et la déformation des signes.Dans sa sculpture suspendue, les lettres arabes se métamorphosent en formes animales, évoquant une calligraphie en mouvement où l’écriture devient une présence vivante, une silhouette à la frontière entre abstraction et figuration.
Son travail s’ancre ainsi dans une réflexion sur les symboles, les rituels et la transmission des récits culturels. En intégrant cette œuvre à sa collection, le FRAC Corsica témoigne de son intérêt pour la création émergente et les nouvelles voix de la scène artistique contemporaine. »

Fabien Danesi, directeur du FRAC Corsica

Plus d’informations sur le travail de Monia Ben Hamouda : https://monia-benhamouda-portfolio.tumblr.com/texts

Abdessamad El Montassir, Galb’Echaouf, 2021, collection Frac Franche-Comté © Adagp, Paris
Abdessamad El Montassir, Galb’Echaouf, 2021, collection Frac Franche-Comté © Adagp, Paris

FRAC FRANCHE-COMTÉ

Galb’Echaouf par Abdessamad El Montassir

Cette pièce, créée en 2021, sonde le thème de la mémoire collective, un sujet qui fait écho à la thématique de la collection du Frac Franche-Comté qui explore la question du temps.

En enquêtant sur un événement dramatique qui a profondément changé le paysage du Sahara, Abdessamad El Montassir est confronté au silence des générations précédentes qui restent hantées par une histoire qu’elles ne parviennent pas à raconter. Avec l’œuvre vidéo Galb’Echaouf, l’artiste attire poétiquement notre attention sur les paysages, les plantes, à la recherche de réponses ou d’éléments qui pourraient participer à la reconstruction de cette mémoire et à la transmission des récits.

Actuellement pensionnaire à la Villa Medici à Rome, Abdessamad El Montassir, qui vit et travaille en Franche-Comté, collabore régulièrement avec des scientifiques, des citoyen.ne.s, des militant.e.s. Avec cette acquisition, le Frac Franche-Comté réaffirme son engagement et son soutien aux artistes travaillant sur le territoire régional.

Jeff Wall, Milk, 1984. Photographie cibachrome montée sur caisson lumineux, 205 x 249 x 20cm. Collection du FRAC Champagne-Ardenne. © Jeff Wall
Jeff Wall, Milk, 1984. Photographie cibachrome montée sur caisson lumineux, 205 x 249 x 20cm. Collection du FRAC Champagne-Ardenne. © Jeff Wall

FRAC CHAMPAGNE-ARDENNE

Milk par Jeff Wall

Le FRAC Champagne-Ardenne vous invite à (re)découvrir « Milk », une photographie emblématique de Jeff Wall, figure majeure de la photographie contemporaine.

Capturant l’instant d’un geste spontané – un homme renversant du lait – « Milk » illustre parfaitement le style de Wall : une mise en scène minutieuse donnant l’illusion du réel. À mi-chemin entre documentaire et tableau vivant, cette œuvre questionne notre rapport à l’image et à la construction du récit visuel.

Présente dans les collections du FRAC Champagne-Ardenne depuis 1987, cette œuvre invite à repenser la frontière entre réalité et fiction en photographie.

: Nils Alix-Tabeling, La Vasque Bacille, 2020. Bronze et tisane de plante médicinale, plume de paon, œil de tigre, 66 x 82 x 62 cm. Courtoisie de la Piktogram Gallery.
: Nils Alix-Tabeling, La Vasque Bacille, 2020. Bronze et tisane de plante médicinale, plume de paon, œil de tigre, 66 x 82 x 62 cm. Courtoisie de la Piktogram Gallery.

FRAC ÎLE-DE-FRANCE

La vasque Bacille par Nils Alix-Tabeling

La Vasque Bacille prend la silhouette d’une créature qui semble s’être échappée d’un bestiaire médiéval. C’est un être hybride composé de trois têtes, possiblement humaines, posées sur des pattes de cervidés. Une plume de paon sort de l’une des bouches, l’œil semble nous regarder lorsqu’on se penche au-dessus de la sculpture renvoyant aux nombreux mythes dans lesquels le paon est présent. Une décoction médicinale aux vertus purifiantes et antibactériennes contenue dans la vasque renvoie aux ablutions, qui, à chaque passage, collecte les bactéries des personnes initiées. Le liquide stagnant développe une véritable culture aux propriétés inconnues, en écho au titre de l’œuvre et rappelant des pratiques médicinales alternatives ainsi qu’un un lien étroit entre herboristerie et sorcellerie.

Le pratique multimédia de Nils Alix-Tabeling reconfigure les récits traditionnels du culte religieux en faveur d’histoires alternatives qui mettent en avant les corps homosexuels, les rituels païens, les séances et l’occultisme.

Cette sculpture est actuellement visible dans l’exposition « Berserk & Pyrrhia. Art contemporain et art médiéval » au Frac Île-de-France (Les Réserves) jusqu’au 19 juillet 2025.

Annette Messager, Mes trophées de la série Mes trophées, 1987. Techniques mixtes sur photographie noir et blanc, 91 x 174 cm, Collection Frac, Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine © Adagp, Paris, 2025. Crédit photo : Frédérique Avril
Annette Messager, Mes trophées de la série Mes trophées, 1987. Techniques mixtes sur photographie noir et blanc, 91 x 174 cm, Collection Frac, Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine © Adagp, Paris, 2025. Crédit photo : Frédérique Avril

FRAC-ARTOTHÈQUE NOUVELLE-AQUITAINE

Mes trophées, de la série Mes trophées par Annette Messager

L’œuvre « Mes trophées » de la série éponyme fait partie de la collection du Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine à Limoges depuis 1988.

Cette série fait partie des œuvres qui élargissent la réflexion de l’artiste autour de l’identité et de l’individu. Elle rassemble près de 90 photographies de fragments de corps démesurément agrandis sur lesquelles Annette Messager intervient à la peinture, au fusain ou à l’aquarelle. Les traits de peinture agissent à même la peau comme des broderies, une autre pratique importante de l’artiste. La délicatesse de ces dessins souligne l’érotisme de ces photographies et voile la brutalité du démembrement infligé à ces corps.

La série « Mes Trophées » évoque le tatouage autant que des pratiques de sorcellerie ; l’artiste se souvient s’être inspirée de manuels de chiromancie et d’images de piété, avec la volonté de créer des œuvres précieuses rappelant les parures religieuses.
Elle ajoute : « Dans la religion catholique, il y a une tradition d’ex-voto, ce sont des offrandes populaires faites d’une petite plaque argentée accrochée dans les églises comme demande ou remerciement pour une guérison, ce sont toujours des représentations de parties du corps humain en souffrance. Cette pratique m’a beaucoup influencée, mais chez moi les fragments de corps sont amoureux, organisés en une sorte de géographie sentimentale. »

Infos œuvre : Annette Messager, Mes trophées de la série Mes trophées, 1987. Techniques mixtes sur photographie noir et blanc, 91 x 174 cm, Collection Frac, Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine © Adagp, Paris, 2025. Crédit photo : Frédérique Avril

Martha Wilson, « Posturing: Age Transformation », 1973. Crédit photo : Richards Jarden. Collection Frac Sud - Cité de l’art contemporain, 2024.
Martha Wilson, « Posturing: Age Transformation », 1973. Crédit photo : Richards Jarden. Collection Frac Sud – Cité de l’art contemporain, 2024.

FRAC SUD-CITÉ DE L’ART CONTEMPORAIN

Posturing : Age Transformation par Martha Wilson

L’œuvre « Posturing : Age Transformation » a intégré l’année dernière la collection du Frac Sud – Cité de l’art contemporain à Marseille à la suite de son exposition monographique « Invisible – Works on Aging 19722022 » en 2023-2024.

Personnalité singulière dans l’histoire de l’art américain depuis le début des années 1970, Martha Wilson est l’une des premières artistes à faire usage de son corps. Sur cette photographie, l’artiste âgée de 25 ans, incarne une femme d’une cinquantaine d’années qui tenterait de paraître plus jeune de vingt-cinq ans.

Mêlant autodérision et discours engagé, Martha Wilson place la question de la représentation du corps et de la construction identitaire au cœur de ses recherches ; et fait une critique acerbe des canons de beauté et de la vision dégradée de la société envers les femmes âgées voire invisibilisées.
« J’ai produit des œuvres qui m’effraient, en explorant des sujets que la plupart des gens préfèrent éviter. Le fait de vieillir compte parmi ceux-ci, en particulier pour les femmes. »

Oroma Elewa, Tom Relax n°5, We Both Know, 2022. Diptyque photographique noir et blanc, 172 x 222 x 3 cm. Collection du FRAC Champagne-Ardenne
Oroma Elewa, Tom Relax n°5, We Both Know, 2022. Diptyque photographique noir et blanc, 172 x 222 x 3 cm. Collection du FRAC Champagne-Ardenne

FRAC CHAMPAGNE-ARDENNE

« Tom Relax n°5, We Both Know » par Oroma Elewa

Cette pièce, créée en 2021, est issue de la série de performances « Area Babes & Ashawo Superstars » débutée en 2019. Celle-ci « met en scène les conversations d’une bande de femmes, toutes avatars de l’artiste. Leurs propos éhontés ainsi que leurs expressions corporelles, participent d’une satire sociale qui explore la féminité africaine contemporaine et ses rapports avec le sexe (opposé), la classe et le pouvoir » (Sandrine Honliasso, extrait du texte de l’exposition Corporate Ashawo d’Oroma Elewa à la Galerie In Situ, Fabienne Leclerc en 2023).

Originaire du Nigeria, Oroma Elewa est une artiste visuelle et performeuse américaine qui explore dans son travail les multiples facettes de l’identité, du langage et de l’autoreprésentation. Elle travaille sur les constructions socioculturelles qui informent l’identité cosmopolite africaine.

Carlotta Bailly-Borg, Monk (3), 2022. Peinture, collage, acrylique, graphite et impression digitale transférée sur toile. Crédit photographique : Rebecca Fanuele.
Carlotta Bailly-Borg, Monk (3), 2022. Peinture, collage, acrylique, graphite et impression digitale transférée sur toile. Crédit photographique : Rebecca Fanuele.

FRAC ÎLE-DE-FRANCE

Monk (3) par Carlotta Bailly-Borg

Œuvre acquise par le Frac Île-de-France en 2022.

« Avec la série des Monk (moines) Carlotta Bailly-Borg renoue avec un format plus classique : celui de la toile sur châssis. Et fait entrer dans sa tribu une nouvelle parenté : celle de lointains moines copistes qui firent leur première apparition dans l’Égypte Antique mais que l’on retrouve également dans nombre d’enluminures du Moyen Age. Carlotta Bailly-Borg les a beaucoup regardés et, fidèle au syncrétisme qui lui sert d’outil de cuisine, elle a à son tour dupliqué de tendres avatars de ces scribes « cartoonesques et laborieux, chauves, bedonnants et culs nus ». Claire Moulène, août 2022

Carlotta Bailly-Borg élabore un langage singulier aux accents surréalistes et développe ainsi une œuvre plastique où se télescopent des éléments empruntés à la mythologie, à la culture pop, au classicisme ou au document sportif. Carlotta Bailly-Borg procède sur le modèle du rhizome deleuzien où “tout élément peut affecter ou influencer tout autre”.

Cette œuvre est actuellement visible dans l’exposition « Berserk & Pyrrhia. Art contemporain et art médiéval » au Frac Île-de-France jusqu’au 19 juillet 2025.

Benoit Piéron, « Matelas de plage », 2022. Crédit photo : Grégory Copitet. Collection Frac Sud - Cité de l'art contemporain, 2024.
Benoit Piéron, « Matelas de plage », 2022. Crédit photo : Grégory Copitet. Collection Frac Sud – Cité de l’art contemporain, 2024.

FRAC SUD – CITE DE L’ART CONTEMPORAIN

Matelas de plage par Benoît Piéron

Voici une œuvre de Benoit Piéron tout juste intégrée à la collection du Frac Sud – Cité de l’art contemporain. Cette pièce, créée en 2022, explore la maladie et la survivance, traitant de ces sujets douloureux avec une infinie délicatesse.
Ayant passé une grande partie de sa vie, depuis son enfance, dans des hôpitaux, des cliniques et des salles d’attente, Benoît Piéron désire « prendre soin de la mort, ne pas la mépriser »

Consistant en un matelas en patchwork accroché au mur comme un monument moelleux aux personnes alitées, cette œuvre confère aux personnes qui ont été en contact avec l’artiste une présence immédiate et spectrale dans les espaces d’exposition. Le tissu de couleur pastel pour réaliser l’œuvre est du tissu hospitalier recyclé, y compris des draps. Après un nettoyage complet, le tissu est revendu à la grande chaîne de magasins de bricolage française Leroy Merlin. Benoît Piéron s’est servi de ce matériau pour créer plusieurs œuvres qui rendent souvent hommage aux malades et aux hospitalisé·es, Il commémore et célèbre celles et ceux qui se sont retrouvé·es dans des décors hospitaliers.

Capture vidéo : Basma Alsharif, Deep Sleep, 2014. Vidéo, film Super 8 transféré sur support numérique HD, 12 minutes 37 secondes. Collection du Frac Bretagne. © Basma Alsharif.
Capture vidéo : Basma Alsharif, Deep Sleep, 2014. Vidéo, film Super 8 transféré sur support numérique HD, 12 minutes 37 secondes. Collection du Frac Bretagne. © Basma Alsharif.

FRAC BRETAGNE

Deep Sleep de Basma Alsharif

Deep Sleep de Basma Alsharif, acquise par le Frac Bretagne en 2014 (édition 2/5).

« Une navette pan-géographique conçue pour induire un état d’hypnose à partir de battements binauraux générant des ondes cérébrales, Deep Sleep nous emmène à travers les ondes sonores de Gaza… Empêchée de voyager en Palestine, j’ai appris l’auto-hypnose afin de pouvoir me bi-localiser. »
— Basma Alsharif, Video Data Bank, 2014

Avec Deep Sleep, Basma Alsharif propose une expérience immersive entre conscience modifiée et exploration du territoire. La vidéo, tournée entre Athènes, Malte, Naples et Marseille, évoque aussi Gaza — territoire absent mais intensément présent par le biais du son, de la narration et de l’imaginaire.

À travers cette œuvre, l’artiste explore les frontières floues entre fiction, mémoire et dissociation, tout en interrogeant les effets du déracinement. Le recours à l’auto-hypnose devient ici un geste artistique et politique, une manière d’habiter symboliquement les lieux inaccessibles.

Visuel : Virginie Barré, Ecarlate, 2004. Installation. Vue de l'installation dans l'exposition In the Mood...au Frac Normandie, 2025 ©Adagp, Paris © Droits réservés
Visuel : Virginie Barré, Ecarlate, 2004. Installation. Vue de l’installation dans l’exposition In the Mood…au Frac Normandie, 2025 ©Adagp, Paris © Droits réservés

FRAC NORMANDIE

Écarlate par Virginie Barré

Aujourd’hui, nous plongeons dans l’univers captivant de Virginie Barré, une figure emblématique de l’art contemporain, dont l’œuvre « Écarlate » fait partie de la collection du Frac Normandie depuis 2004.

Cette pièce explore des thèmes récurrents dans le travail de l’artiste : le travestissement, le rêve, l’ailleurs, la fiction et la mise en scène et interpelle le/la spectateur.trice a être témoin d’un intrigant « arrêt sur image ».

Réalisée en 2004 pour une exposition monographique au Frac, cette installation immersive à l’atmosphère dangereuse et à l’allure de scène de crime est aujourd’hui revisitée par l’artiste pour une nouvelle présentation plus proche de son univers esthétique actuel. Lumières, perles et rideaux à paillettes offrent à cette oeuvre une lecture plus burlesque et féérique qui vous invitent à ralentir, à contempler et à vous interroger sur le monde et l’imaginaire qui nous entourent.

Alix Delmas, Valses anthropométriques #7 et #8, 2021-23, sérigraphie (ensemble de 8 estampes), 34 x 50 cm chacune. Avec le soutien de la Drac Île-de-France, sous les presses de l’Atelier Tchikebe, Marseille – Collection Frac Occitanie Montpellier. Photo Justine Viard. © Adagp, Paris 2025
Alix Delmas, Valses anthropométriques #7 et #8, 2021-23, sérigraphie (ensemble de 8 estampes), 34 x 50 cm chacune. Avec le soutien de la Drac Île-de-France, sous les presses de l’Atelier Tchikebe, Marseille – Collection Frac Occitanie Montpellier. Photo Justine Viard. © Adagp, Paris 2025

FRAC OCCITANIE MONTPELLIER

Valses Anthropométriques par Alix Delmas

Avec la série de huit sérigraphies Valses Anthropométriques, c’est dans les archives de la préfecture de Police de Paris qu’Alix Delmas puise sa source, dans le fonds Bertillon : une analyse biométrique couplée à la photographie judiciaire qui va révolutionner l’identification des criminels. Une méthode et des corps qu’Alix Delmas va faire valser, en recadrant les images de l’époque et en les reliant au moyen de la couleur (les différentes teintes marquent le passage d’une sérigraphie à l’autre).

« J’ai recadré les gestes afin de faire valser corps de l’ordre avec corps de désordre et coloriser les passages pour troubler l’image, accentuer les instruments de mesures, en somme érotiser. » Et si « ces œuvres éclairent notre époque dans ses jeux de contrôle et de pouvoir, et expriment les rapports de force et l’obéissance à l’autorité » (Véronique Godé dans Le Quotidien de l’Art), le statut qu’elles acquièrent sous l’impulsion de l’artiste redonne aux corps du mouvement, et la possibilité d’une liberté ?

Visuel : Farah Atassi, Mechanical Cabaret 4, de la série Mechanical Cabaret, 2023. Peinture, huile et glycéro sur toile, 150 x 250 x 2,5cm. © Adagp, Paris. Collection du Frac Normandie. 
Visuel : Farah Atassi, Mechanical Cabaret 4, de la série Mechanical Cabaret, 2023. Peinture, huile et glycéro sur toile, 150 x 250 x 2,5cm. © Adagp, Paris. Collection du Frac Normandie. 

FRAC NORMANDIE

Mechanical Cabaret 4 par Farah Atassi

Créée en 2023, Mechanical Cabaret 4 fait partie d’un corpus d’œuvres autour du cabaret, s’inspirant du « Ballet mécanique » de Fernand Léger. Les fragments du corps féminin deviennent partie intégrante du décor scénique. Les danseuses s’effacent, laissant leurs jambes, semblables à celles d’automates, exécuter une chorégraphie aquatique.

Farah Atassi, originaire de Bruxelles, développe une peinture figurative en utilisant le vocabulaire de la peinture abstraite. Ses peintures, aux couches épaisses, portent la trace du travail à la main en contraste avec la rigidité de ses lignes droites. Semblables à des collages, elles combinent méticuleusement des formes anachroniques aux apparences contradictoires, empruntées à la sculpture, à la peinture et au design.

Benoît Pype, Nichoirs #3, de la série « Comment éduquer les oiseaux à l’architecture moderne ? », 2009-24, sculpture, 26 x 30 x 31 cm – Collection Frac Occitanie Montpellier. Photo B. Pype. © Adagp, Paris 2025
Benoît Pype, Nichoirs #3, de la série « Comment éduquer les oiseaux à l’architecture moderne ? », 2009-24, sculpture, 26 x 30 x 31 cm – Collection Frac Occitanie Montpellier. Photo B. Pype. © Adagp, Paris 2025

FRAC OCCITANIE MONTPELLIER

Nichoir #3 par Benoît Pype

« Comment éduquer les oiseaux à l’architecture moderne ? »

Si le titre de l’œuvre de Benoît Pype prête à sourire, il nourrit au contraire des ambitions très sérieuses, qu’elles soient utopiques « pour une extension au monde animal des préoccupations esthétiques chères aux pionniers de la modernité », ou pragmatiques, en aidant « les oiseaux à trouver de nouveaux espaces de nidification face à la raréfaction des gîtes naturels. Couramment réduit à un assemblage sommaire surmonté d’une toiture traditionnelle à deux pans, les nichoirs empruntent ici à l’esthétique de la modernité architecturale, tel le mouvement artistique néerlandais De Stijl. Cette série de Nichoirs engage une réflexion sur la place de l’objet, à la fois dans l’industrie de la consommation et dans le champ de l’art. À rebours d’une conception de l’objet d’art inerte, les Nichoirs deviennent ici d’authentiques lieux de vie et de circulation ouverts à l’attention de toustes ». (B. Pype)

Mawena Yehouessi, Sol in the Dark, 2019-2022. Installation vidéo composée de 6 vidéos couleurs sonores, de deux impressions lenticulaires et d’un papier peint. Crédit photo : Thomas Lannes
Mawena Yehouessi, Sol in the Dark, 2019-2022. Installation vidéo composée de 6 vidéos couleurs sonores, de deux impressions lenticulaires et d’un papier peint. Crédit photo : Thomas Lannes

INSTITUT D’ART CONTEMPORAIN, VILLEURBANNE / RHONE-ALPES

Sol in the Dark par Mawena Yehouessi

A la fois film et série, Sol in the Dark est un projet au long court associant collage visuel, musical et textuel, fonctionnant par accumulation et succession de couches de sens, jusqu’à une sorte de saturation. Empruntant aux esthétiques du jeu vidéo, des cultures internet ou de la télévision, Sol in the Dark est le portrait fragmentaire et fragmenté d’une figure en (ligne de) fuite, la tentative d’élucidation d’un mythe : le lascar, le « jeune de banlieue », l’autre ; personnage fantasmé, insaisissable mais omniprésent, perpétuel déplacé qui traverse l’histoire du colonialisme et de ses conséquences actuelles.

Originaire du Bénin, Mawena Yehouessi vit et travaille à Nice et Paris. Chaque projet de l’artiste repose sur une démarche de co-création, impliquant divers acteur·rices dans des créations filmiques, chorégraphiques ou curatoriales. Son travail se caractérise par l’usage du collage, qui trouve ici un nouveau souffle avec le numérique et la culture post-internet. Pour Mawena Yehouessi, il s’agit de reconfigurer les imaginaires pour créer des espaces visuels où développer des récits alternatifs.

Visuel : Takako Saito, Steps of life (7 parts), 2003. Collection 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, Metz © Adagp, Paris, 2025
Visuel : Takako Saito, Steps of life (7 parts), 2003. Collection 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, Metz © Adagp, Paris, 2025

49 NORD 6 EST FRAC LORRAINE

Steps of life (7 parts) de Takako Saito

Cette pièce explore le fractionnement de l’existence, les épreuves et les rencontres comme des étapes plus ou moins sinueuses de la vie, et interpelle sur les interstices et temps de pauses.
Faites de petites branches, les 7 échelles sont disposées sur un mur, il est possible de compléter l’installation en dessinant au crayon de papier d’autres échelles à même le mur.

Cette pièce invite à ralentir, à contempler et à repenser notre rapport au monde.

Pierre Soulages, Peinture 100 x 73 cm, 9 novembre 1954, 1954. Peinture. Collection du Frac Bretagne. © Adagp, Paris. Crédit photographique : Hervé Beurel
Pierre Soulages, Peinture 100 x 73 cm, 9 novembre 1954, 1954. Peinture. Collection du Frac Bretagne. © Adagp, Paris. Crédit photographique : Hervé Beurel

FRAC BRETAGNE

Peinture 100 x 73 cm, 9 novembre 1954 de Pierre Soulages

Cette œuvre de Pierre Soulages témoigne de la puissance expressive du noir, que l’artiste appelait “couleur-lumière”. Peinte en 1954, elle s’inscrit dans une période charnière où Soulages affirme son langage pictural singulier : larges coups de brosse, contrastes de matière, tension entre opacité et lumière.
Ici, le noir n’est pas une absence, mais une surface vibrante, travaillée par la lumière. Les stries et les textures révèlent une profondeur insoupçonnée, une dramaturgie silencieuse. La toile ne raconte rien, mais elle agit, elle interpelle, elle capte. L’œil est invité à s’y perdre, à y projeter son propre imaginaire.
Datée précisément, l’œuvre ancre un moment de peinture, mais se libère de tout récit. Elle devient un espace mental, une expérience physique. L’abstraction chez Soulages n’est jamais désincarnée : elle engage le corps, le regard, le temps.

Bernhard Rüdiger, Petrolio (locus desertus), 2006. Sculpture, acier, inox, fonte. © Adagp, Paris. Crédit photo : André Morin
Bernhard Rüdiger, Petrolio (locus desertus), 2006. Sculpture, acier, inox, fonte. © Adagp, Paris. Crédit photo : André Morin

Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes

Petrolio (locus desertus) par Bernhard Rüdiger

Petrolio (Locus desertus) emprunte son titre à un roman resté inachevé et paru de façon posthume de Pier Paolo Pasolini (poète, réalisateur italien, 1922-1975) qui pose le constat critique d’une société moderne à bout de souffle. Son sous-titre évoque un espace vide où la réalité serait tout entière à (re)construire, aspirant à transformer « l’endroit déserté » en un lieu du regard, à partir duquel penser le monde. Bernhard Rüdiger remet constamment en question notre condition : sociale, politique, et en tant qu’individu unique.

Cette sculpture fonctionne sur le principe de l’éolienne, dont plusieurs maillets viennent frapper un gong à chaque mouvement impulsé par la force du vent. Verticale, mobile, la sculpture mise en action par une énergie imprévisible, donne le ton de son ambition : créer un équilibre vigilant, en résonance avec une réalité complexe.

Visible en extérieur, pour une durée de trois ans au sein du lycée agricole Etienne Gautier à Nandax dans la Loire, cette pièce invite à ralentir, à contempler et à repenser notre rapport au monde.

Barbara Kruger, « You Are The Perfect Crime”, 1984. Photographie noir et blanc, cadre en bois peint. Collection FRAC Bourgogne. Photographie : André Morin
Barbara Kruger, « You Are The Perfect Crime”, 1984. Photographie noir et blanc, cadre en bois peint. Collection FRAC Bourgogne. Photographie : André Morin

FRAC Bourgogne

You Are The Perfect Crime par Barbara Kruger

L’œuvre de Barbara Kruger a été acquise par le FRAC Bourgogne en 1985.

Le titre de l’oeuvre « You Are The Perfect Crime » se dévoile sortant d’un souffle de cigarette sur la photographie, encadrée du rouge signature de l’artiste américaine Barbara Kruger.

Un message étrange et inquiétant qui nous mène à nous poser toutes sortes de questions sur le personnage qui l’émet : un homme en costume, le regard baissé et l’air grave, la main levée avec ce qui, semble-t-il, est le crime parfait, une cigarette. Dans ses œuvres, Barbara Kruger emprunte les codes de la publicité, de la composition de l’image jusqu’aux slogans, et en détourne le but initial pour aborder les sujets de l’anticapitalisme et du féminisme.

Raphaël Barontini, « Anchaing and Héva”, 2023. Acrylique, encre, sérigraphie sur toile, doublure en coton teint, socle pyramidal en aluminium. Collection FRAC Bourgogne. ADAGP, Paris, 2025. Courtesy of the artist and Mariane Ibrahim.
Raphaël Barontini, « Anchaing and Héva”, 2023. Acrylique, encre, sérigraphie sur toile, doublure en coton teint, socle pyramidal en aluminium. Collection FRAC Bourgogne. ADAGP, Paris, 2025. Courtesy of the artist and Mariane Ibrahim.

FRAC Bourgogne

Anchaing and Héva par Raphaël Barontini

Œuvre acquise en 2024.

Anchaing and Héva conte le mythe réunionnais populaire d’un homme et d’une femme dont la fuite de leur condition d’esclaves les mena à vivre au sommet d’une montagne. L’artiste français Raphaël Barontini, s’attache à la créolisation de l’histoire de France et de l’art, mettant en avant des hommes et des femmes longtemps mis de côté par nos institutions. À la manière des portraits classiques de nobles, c’est à l’acrylique et à l’encre sérigraphiées sur un étendard bardé de franges que prennent place les protagonistes dont l’histoire nous est contée par l’artiste.

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