8 avril 2024

Lauriane Gricourt, nouvelle directrice des Abattoirs à Toulouse !

Lauriane Gricourt, Directrice des Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse © PhServent
Lauriane Gricourt, Directrice des Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse © PhServent
  • Pouvez-vous expliquer en quelques mots pourquoi vous avez souhaité postuler à la direction des Abattoirs ?

Après 2 ans passés en tant que conservatrice aux Abattoirs, je me suis attachée à cet établissement, ses missions, ses valeurs, ses équipes et je souhaitais m’engager davantage tout en me disant que j’étais encore capable d’avoir un œil neuf. J’ai aussi découvert une région très agréable et riche notamment en initiatives artistiques développées par des personnes engagées avec qui je prends beaucoup de plaisir à travailler.

  • Pouvez-vous résumer en quelques lignes les grands axes de votre projet artistique et culturel pour les Abattoirs ? Quelles nouvelles orientations avez-vous proposé ?

Le curseur tourne autour de cette idée simple qu’il existe une multitude de manières de voir, de comprendre et de représenter le monde et cette pluralité doit être encouragée. Cela passe par le renforcement de certains marqueurs déjà forts comme revenir sur des récits conventionnels de l’histoire de l’art, mais aussi renouveler les approches notamment en décloisonnant la programmation avec l’ouverture à de nouvelles disciplines comme la mode, la cuisine ou la musique. Ces perspectives prennent place dans une volonté de faire des Abattoirs, musée et Frac, une institution à habiter, un lieu convivial. Cela s’exprime autant dans la politique des publics, la présentation d’une pluralité de voix et d’expressions artistiques avec une plus grande place donnée à la jeune génération d’artistes et notamment de la scène régionale, et une nécessité de prendre soin, des artistes, des publics et des équipes. Un travail sera également mené sur les collections et leur valorisation avec des invitations à des artistes, commissaires, les publics, pour expérimenter et amener de nouvelles visions. Les Abattoirs en tant que musée et Frac sont un formidable outil et je pense que c’est dans cette combinaison d’objectifs que l’établissement sera à même de refléter la société dans sa diversité et inclure de nouveaux publics.

  • Le programme du Frac et celui du Musée sont-ils pensés comme un seul projet ou sont-ils distincts ? Comment envisagez-vous le lien du Frac avec son territoire ?

L’hybridité des Abattoirs en fait un établissement singulier. Les missions du musée et du Frac sont pensées de manière complémentaire, dans une sorte de symbiose. Je souhaite renforcer cette articulation et cela passe autant par un travail sur la programmation avec des projets pensés en résonance sur site et hors les murs, que dans la communication, les actions de médiation et par le fait de réunir l’équipe autour d’un véritable projet collectif. Le travail mené sur le territoire est déjà foisonnant et très riche, je souhaite aller vers une diversification des formats avec par exemple une part plus importante donnée aux résidences d’artistes et dynamiser les liens avec les acteurs du réseau qui œuvrent déjà sur le territoire, avec des projets mutualisés et/ou itinérants.

  • Quelles spécificités de la collection souhaitez-vous mettre en lumière ? Y a-t-il une articulation entre la collection du musée et celle du Frac ?

Un dialogue constant se fait entre les deux collections qui sont enrichies en parallèle et qui sont explorées conjointement. S’il reste important de conserver pour chacune leurs spécificités, il est aussi aujourd’hui logique de les considérer de manière presque interdépendante. C’est une chance de pouvoir travailler à partir d’une collection qui à la fois représente les grands courants de l’art moderne, notamment grâce au dépôt de la donation Daniel Cordier du MNAM – Centre Pompidou, et qui valorise la scène artistique d’aujourd’hui. La présence des artistes femmes dans les collections est un des enjeux essentiels à poursuivre. Aussi l’accent sera mis sur les scènes espagnole et ibéro-américaine, particulièrement représentées dans les collections, ainsi qu’une attention plus forte aux artistes de la scène du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

  • Quels sont pour vous les nouveaux publics à mobiliser ? Quelles stratégies et actions souhaitez-vous développer ?

Le public jeune qui est le peuple de demain est pour moi un des publics essentiels à toucher. Face aux nombreux bouleversements qui touchent notre société, la jeune génération est celle qui doit pouvoir imaginer des futurs alternatifs et désirables, nourrie notamment par ce qu’elle peut voir et découvrir dans les institutions culturelles. Cela passera par exemple par des cours d’histoire de l’art à travers des formats et des voix inhabituelles, un projet de pérennisation d’espaces de médiation et dédiées à de nouvelles expériences et pratiques de l’art qui est aujourd’hui en cours de réflexion avec l’équipe ou encore la création et l’adaptation de contenus à même d’être utilisés sur site, en région ou chez soi.

Restez informé des actualités de Platform