Brandon Gercara est artiste chercheur·e, militant·e queer et décolonial·e
Diplômé·e de l’École Supérieure d’Art de La Réunion, son travail se concentre sur une étude critique des dynamiques de dominations dans un contexte post-colonial. Iel développe une pratique pluridisciplinaire, incluant performance, photographie, vidéo et installation.
Iel est sélectionné·e au Salon de Montrouge, à la Biennale de Casablanca, et est invité.e à présenter sa recherche à Jeu de Paume Paris, ainsi qu’au CCCOD de Tours. En 2023, iel présente une exposition en duo show avec l’artiste Esther Ferrer au Transpalette de Bourges et est sélectionné·e à la biennale des Rencontres Photographiques de Guyane.
Artiste associé·e au Fonds Régional d’Art Contemporain de La Réunion et président·e de l’association Requeer. Sa création est une réponse face aux multiples oppressions à La Réunion. Des situations dénoncées au travers de son travail plastique et militant. Aujourd’hui Brandon Gercara développe le projet “Majik Kwir” en invitant de nombreux artistes à collaborer avec ellelui.
Inviter Brandon Gercara à rejoindre l’équipe du FRAC en lui proposant une résidence d’artiste-associé·e pendant trois années, m’est apparu comme une évidence, une grâce offerte à chacun et chacune de nous de porter le mieux possible notre démarche d’inclusivité, notre volonté de défendre les droits culturels.
La pratique de Brandon, son esthétique, son engagement d’artiste activiste ont soutenu nos protocoles de réflexion et nous ont engagés à porter une attention particulière à la mise en œuvre de nos actions.
Les programmes de médiation, d’éducation artistique et culturelle, les thèmes de certaines de mes expositions, l’étude de la collection, ont été appréhendés et bâtis avec ce prisme, celui de la recherche de notre artiste-associé·e, de son engagement et de sa création.
Nous avons vécu une merveilleuse expérience, celle de le voir « grandir » . Iel habite toujours mieux son discours, affirme son combat, opte pour la concorde sans renoncer jamais à ses luttes. Iel déploie ses actions et ses œuvres avec lucidité et avec beaucoup d’intérêt pour son prochain. Le public, ses ami·es artistes, les commissaires qui l’invite, les structures qui l’accueille, ses partenaires dans la création en témoignent.
Ce compagnonnage m’a gardée attentive et curieuse. Comme d’autres, j’ai pu apprécier l’engagement de Brandon, sa puissante force de travail, sa ténacité face à l’adversité.
C’est un privilège que d’avoir voyagé à tes côtés. Merci Brandon.
Béatrice Binoche
il me vient un chant
une cathédrale d’espoir
Lorrie Jean-Louis, 2024
Nous façonnons nos territoires avec notre propre lave, citation francisée de l’œuvre vidéo Playback de la pensée kwir, édicte autant un désir, un fantasme, qu’une réalité, ou encore, un programme.
Le texte déclamé est indexé dans un espace de création déployé selon un modèle rhizomique, non hiérarchisé. Tout d’abord discours militant en vue de la première marche des visibilités, puis performance convoquant une installation scénique et enfin, œuvre filmée, l’objet ne cesse de se réinventer, investissant différents usages et destinations, entérinant le refus constant de la catégorisation par son auteur·ice.
Une esthétique camp embrasse le phénomène naturel de l’éruption volcanique pour seconder le créole réunionnais dans la volonté de mieux situer un propos, une pensée. Les coulées de lave deviennent analogiques au discours, ruisselant sur le territoire, brûlant tout dans leurs folles progressions mais emmenant avec elles l’espoir d’une extension du territoire qui pourrait alors contenir ou abriter des avancées sensibles en termes d’inclusion et d’horizontalité.
Playback de la pensée kwir est aussi un épisode d’une série composée de sept récits. Ce projet tentaculaire a fait l’objet d’une série de photographies réalisées en collaboration avec Ugo Woatzi, d’une édition produite par le FRAC RÉUNION et de vidéos, réalisées et à venir. Pour chaque développement, plusieurs artistes et collaborateur·ices sont invité·es, de nouvelles intelligences associées. Brandon Gercara rompt avec les pratiques individuelles et pour chaque projet déployé, réemploie un arsenal intellectuel complet au service de la création de nouveaux narratifs.
Iel repeuple les espaces de réflexion désertés à l’aide de récits fictionnels, configure des lieux hospitaliers pour celles et ceux qui n’en ont pas, kwirise les musiques dance-hall et zouk pour mieux se les approprier, performe des croyances péi pour en dévoiler les paradoxes ; autant de gestes en faveur du collectif. Brandon Gercara fabrique des usages, des lieux communs et met ainsi en déroute l’exclusion et l’obscurité.
Anna Vrinat
FRAC RÉUNION
6, allée des Flamboyants
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La Réunion
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