16 juillet 2024

Irene Aristizábal, nouvelle directrice du Frac Poitou-Charentes !

Irene Aristizábal dans l'oeuvre Floppy Forrest, Bea McMahon, 2021 © Barbara Fecchio
Irene Aristizábal dans l'oeuvre Floppy Forrest, Bea McMahon, 2021 © Barbara Fecchio
  • Pouvez-vous expliquer en quelques mots pourquoi vous avez souhaité postuler à la direction du Frac Poitou-Charentes ?

Il y a plusieurs raisons qui m’ont amenée à postuler à la direction du Frac Poitou-Charentes. Tout d’abord, j’ai depuis très longtemps beaucoup d’admiration pour les Frac, qui sont des structures uniques au monde, avec pour mission de faire découvrir l’art contemporain au plus grand nombre dans des contextes souvent excentrés. J’aime l’idée que l’organisation d’un Frac se pense autour d’un territoire et pas seulement en relation à un bâtiment.

Le territoire dans lequel s’inscrit le Frac Poitou-Charentes m’a beaucoup attirée. Majoritairement rural, il présente une richesse culturelle et des structures artistiques et culturelles variées et complémentaires. Le Frac est basé sur deux sites : le premier à Angoulême dans le quartier de L’Houmeau en bord de Charente, et le deuxième à Linazay, en milieu rural entre Angoulême et Poitiers. J’ai voulu penser une programmation qui porte vraiment sur les problématiques de ce territoire et qui s’inscrive en dialogue avec ses acteurs. J’ai également été intéressée par la possibilité de réfléchir avec les partenaires régionaux à la manière dont on peut soutenir la professionnalisation et le rayonnement national et international de la scène artistique locale.

 

 

  • Pouvez-vous résumer en quelques lignes les grands axes de votre projet artistique et culturel pour le Frac Poitou-Charentes ?

Mon projet pour le Frac s’intitule « Autopoïèse et interdépendance radicale ». Il s’agit de repositionner le Frac en lien étroit avec son environnement, à travers des collaborations, mutualisations et partenariats, que ce soit avec la scène artistique et culturelle locale ou avec des partenaires du champ social ou de l’éducation par exemple. L’idée étant de se mettre à l’écoute et de créer un dialogue nourri avec nos publics.

Les questions de la ruralité et de notre relation au vivant sont centrales dans mon projet, que ce soit en termes de programmation, d’acquisitions et de rayonnement. L’idée est d’aborder ces sujets de manière transversale en tissant des liens entre les contextes et artistes du territoire et des artistes plus éloignés et moins visibles en France. Cette ouverture de la programmation et de la collection à des artistes issus de géographies dépassant l’axe Europe/Amérique du Nord me paraît importante pour développer un dialogue centré sur une approche décoloniale, qui explore le monde que nous habitons de manière plurielle, tout en valorisant la diversité culturelle.

La création digitale est un autre axe de ce nouveau projet du Frac pour développer des liens forts avec le contexte, riche à Angoulême, de création d’animation et de réalité virtuelle. L’idée est de rendre visible ces pratiques dans le champ des arts visuels à travers la programmation et les acquisitions, mais aussi en créant des liens avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, le Festival de la Bande Dessinée, ainsi que les studios d’animation qui se sont établis à Angoulême ces dernières années.

 

 

  • Quels sont pour vous les nouveaux publics à mobiliser ? Quelles stratégies et actions souhaitez-vous développer ?

Je souhaite que le Frac reconnecte tout d’abord avec ses publics de proximité. Les habitant.e.s et usager.e.s du quartier de L’Houmeau, de la ville et de l’agglomération pour le site d’Angoulême, ainsi que les publics proches du site de Linazay, dans la Vienne. Nous voulons les mobiliser par une écoute et un dialogue actif. Nous initions un projet de médiation participative dans le quartier de L’Houmeau qui s’étendra sur plusieurs années pour soutenir la cohésion sociale et y développer les imaginaires.

Un autre public important pour le Frac est celui constitué des artistes et commissaires d’exposition implanté.e.s en Nouvelle-Aquitaine. Nous voulons que le Frac soit connu et reconnu comme un lieu de référence en termes de soutien à la scène artistique du territoire.

Nous voulons également développer la programmation afin qu’elle touche un public éloigné de l’art contemporain, en allant à la rencontre de celui-ci, en développant des projets qui permettent un travail de co-création entre artistes et groupes scolaires et personnes issues du champ social ou médical avec la volonté de créer du lien et de soutenir la créativité de toutes et tous. Nous souhaitons aussi effectuer un travail de fond en termes d’accessibilité et développer des projets qui soutiennent les droits culturels.

 

 

  • Vous avez pris vos fonctions depuis quelques mois déjà, quelles ont été vos premières initiatives ?

Nous avons tout d’abord créé un site internet temporaire pour améliorer l’accessibilité de l’interface car l’ancien site était devenu obsolète et ainsi donner un peu de renouveau à l’image du Frac en attendant une refonte de la charte graphique et un nouveau site internet qui soit plus dynamique et accessible. Ils seront lancés en 2025.

Avec l’équipe, nous avons organisé une série d’événements mensuels au Frac à Angoulême et hors les murs en étroit dialogue avec les expositions, ainsi qu’une nouvelle ligne de programmation conçue pour soutenir la professionnalisation des artistes et commissaires d’exposition de la Nouvelle-Aquitaine. En juin nous avons programmé à la Maison des écritures à La Rochelle, un événement intitulé « Tendre critique » qui a permis à trois artistes (choisis parmi 70 candidatures) d’être en dialogue avec un.e commissaire d’exposition autour de projets en cours de développement et ce, en présence du public. Nous avons aussi participé au festival Hors-jeu organisé par Le Bêta, un tiers-lieu basé dans le quartier de L’Houmeau à Angoulême, en invitant l’artiste Marianne Vieulès à présenter son installation collaborative « Endurance » (2023) dans la cour d’un collège du quartier et l’artiste Laurie-Anne Estaque à réaliser un atelier de cartographies participatives et sensibles.

Fin juin, nous avons verni la première exposition personnelle de l’artiste Lola Gonzàlez, qui est charentaise et actuellement établie en Dordogne. L’exposition présente une sélection d’œuvres créées depuis 2011, dont la vidéo « Les anges » (2017) qui fait partie de la collection du Frac Poitou-Charentes et « Tonnerres » (2022), empruntée à la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA.

 

 

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