Le Frac Grand Large — Hauts-de-France à Dunkerque © DR
Le Frac Grand Large — Hauts-de-France à Dunkerque © DR

Frac Grand Large — Hauts-de-France

Le Frac Grand Large — Hauts-de-France organise tout au long de l’année des expositions de ses collections d’art contemporain et de design sur le territoire régional et transfrontalier. La collection dispose de plus de 1800 œuvres réunies autour d’un noyau initial consacré à l’Arte Povera, l’Art Minimal, l’Art Conceptuel, les mythologies individuelles, le Pop Art et Fluxus, avec notamment une partie consacrée au design qui témoigne du brassage international de ses sources. Aujourd’hui, les acquisitions privilégient la création émergente : le monde des objets, la question de la représentation, du lien art et société et de la mobilité des savoirs et des imaginaires.

Ses partenaires sont des lieux artistiques identifiés ou des lieux-tiers, tels que des médiathèques, des écoles, des lieux associatifs. Le Frac privilégie alors la co-construction et favorise les synergies pour toucher les publics éloignés. Il adapte les sujets des projets aux intérêts des partenaires, propose d’explorer les grandes thématiques de sa collection ou de faire écho à la programmation de la ville de Dunkerque.

La diffusion de la collection s’accompagne d’une démarche de sensibilisation de tous les publics, à travers des visites, des conférences, des ateliers et des projets participatifs. Parmi les différents dispositifs, Élèves à l’œuvre est réalisé en lien avec l’Éducation Nationale et permet chaque année à une vingtaine d’établissements d’accueillir des œuvres du Frac et de les étudier en relation avec les programmes scolaires.

Vue du Belvédère du Frac Grand Large — Hauts-de-France, Yona Friedman, Pictogrammes
Vue du Belvédère du Frac Grand Large — Hauts-de-France, Yona Friedman, Pictogrammes
Keren Detton. Photo : Pierre Volot / Ville de Dunkerque
Keren Detton. Photo : Pierre Volot / Ville de Dunkerque

Renforcer les interactions entre le design et l’art, l’architecture et l’écologie

Le projet artistique du Frac Grand Large — Hauts-de-France s’appuie sur l’histoire de sa collection et notamment sa ligne d’acquisitions consacrée, dès 1983, au design. J’ai souhaité renforcer les interactions entre ce domaine et les champs de l’art, de l’architecture et de l’écologie à travers des expositions thématiques et en invitant des artistes, designers et théoriciens à porter leur regard sur la collection (KVM, Florence Doléac, Claude Courtecuisse, Mathilde Sauzet…)

Dans ses premières années, le Frac Grand Large s’est doté d’un socle historique intégrant les tendances majeures des années 1960-1970 telles que l’Arte Povera (Luciano Fabro, Carla Accardi), le minimalisme (Sol Lewitt, Vera Molnar) ou encore Fluxus (Joseph Beuys, Robert Filliou). Portée par les personnalités du comité technique comme Jan Hoet ou Chris Dercon, cette collection a largement contribué à la renommée internationale du Frac et à sa diffusion transfrontalière et européenne. Ces œuvres inspirent de nouvelles pratiques dans le cadre notamment de commissariats partagés et de résidences que nous voulons ancrées dans le territoire (Catherine Rannou, Donovan Le Coadou).
Un autre aspect de la collection, qui m’intéresse particulièrement, concerne les œuvres témoignant d’une attention au langage, à ses signes et aux récits, balayant un large spectre entre fiction et documentaire. L’exposition autour du fantastique « Un autre monde /// Dans notre monde » (2021, cur. Jean-François Sanz) revisite ainsi la collection du Frac en nous interpellant sur les régimes de vérité à l’ère des nouvelles technologies.

Reflet de la globalisation, j’ai souhaité que les acquisitions s’ouvrent désormais à différents continents pour mettre en avant la mobilité et la circulation des formes, des idées et des imaginaires. Cette collection se donne ainsi comme « matière » à penser et à percevoir dans des lieux d’exposition aussi divers que des écoles, des médiathèques ou des maisons d’arrêt, créant des « zones de contacts », plus que jamais, nécessaires !

— Keren Detton, directrice du Frac Grand-Large — Hauts-de-France

Diplômée d’histoire de l’art, Keren Detton suit la formation curatoriale de l’Ecole du Magasin à Grenoble (1999). Ses travaux se concentrent sur la seconde moitié du XXe siècle, l’œuvre comme événement et la relation au spectateur. Après des expériences professionnelles en France et à l’étranger, elle travaille pour la galerie Air de Paris où elle développe une programmation d’artistes émergents (La Planck). En 2007, elle fonde avec d’autres commissaires l’association C-E-A qu’elle préside jusqu’en 2009. Nommée directrice du centre d’art contemporain Le Quartier à Quimper, elle y produit une cinquantaine d’expositions monographiques et collectives ainsi que de nombreuses publications. Directrice du Frac Grand Large — Hauts-de-France depuis 2016, elle développe de nouveaux axes pour la collection autour des mobilités, de l’image et des questions de société, tout en approfondissant le fonds consacré au design et à l’installation.

exposition dans les murs

De leur temps (7), un regard sur les collections privées

Teresa Margolles
Teresa Margolles
28.01.22
23.04.22

Le Frac Grand Large est une institution dédiée à la constitution d’une collection publique d’art contemporain. Ses espaces d’exposition accueillent aujourd’hui des collections privées. Mais qu’est-ce qu’une collection ? Comment s’opèrent les choix artistiques et quelles visions de l’art et de la société véhiculent ces collections ? Quels rapports entretiennent-elles avec les institutions publiques ? En accueillant la septième édition de la triennale « De leur temps », proposée par l’ADIAF, le Frac présente des œuvres contemporaines qui donnent à voir de nouvelles formes de représentation, proposent d’autres manières de se relier à notre environnement, revisitent des histoires oubliées. Entre expression de l’intime et adresse publique, ces œuvres montrent un esprit du temps traversé de doutes, de visions et d’émotions.

« De leur temps » comprend des œuvres réalisées, dans leur grande majorité, au cours des cinq dernières années. Œuvres d’atelier pour la plupart, elles s’accrochent souvent aux murs dans l’intimité des habitations, dans des bureaux ou parfois des réserves en attente d’exposition. Réunis en association, les collectionneurs de l’ADIAF ont choisi de partager leur passion et prêtent ponctuellement leurs pièces à des institutions. Peintures, dessins, sculptures et photographies, certaines acquisitions sont aussi des vidéos, des performances ou des protocoles à réactiver. Les collectionneurs se lient aux artistes au travers de différents contrats qui repoussent les limites de l’œuvre, leur matérialité et leur durée. Depuis le fameux ready-made de Marcel Duchamp de 1913, un urinoir du commerce retourné, signé puis déplacé dans une exposition, nombreux sont les artistes iconoclastes qui, à l’instar de Saâdane Afif, manipulent les symboles et considèrent l’art dans sa fonction critique. Par-delà la provocation, c’est l’économie de l’œuvre qui entre en scène, sa valeur marchande liée à sa médiatisation, même !

Certains médiums comme la peinture continuent d’occuper une place de choix – ici près de la moitié des propositions. Mais l’hétérogénéité et la qualité exceptionnelle des œuvres proposées permettaient d’aborder une grande diversité de pratiques. Nous avons privilégié un parcours à travers des thématique qui abordent la critique des images et des représentations, aussi bien dans le renouveau des grands sujets de l’histoire l’art (portrait, paysage, vanité) qu’au travers de productions plus abstraites autour de la spécificité des médiums (leurs supports autant que leurs histoires). L’accrochage opère ainsi des rapprochements et des tensions entre des esthétiques de différents héritages (art optique, pop, expressionniste, conceptuel). Les formes plus narratives entrent en résonance avec les tremblements du monde contemporain, ses crises sanitaire et climatique, ses outrages aux corps et aux démocraties.

Si les collections privées attisent aussi la curiosité c’est qu’elles véhiculent du plaisir, exaltant les ambiguïtés du sexe et du désir. Dans l’intimité des collectionneurs, l’articulation du désir et du regard est prégnante. Constituer une collection privée peut être le catalyseur de pulsions mais aussi l’expression d’une subjectivité partagée et d’un exercice critique où s’affirment et s’affinent des critères esthétiques. Est-ce que le cabinet de curiosités que constitue chaque collection privée, qu’elle traite ou non de sexualité, peut être considérée comme un cabinet érotique ? Alors qu’elle permet d’associer des perspectives différentes, la collection devient parfois elle-même un thème. Oriol Vilanova s’inspire de la correspondance amoureuse pour mettre en scène des collectionneurs. Shimabuku projette chez la pieuvre les qualités sensibles d’une collectionneuse. Dans l’exposition, la figure du collectionneur se révèle sous de multiples facettes : froide ou sensible mais aussi redoutablement drôle.

Alors que le Frac Grand Large fête aujourd’hui ses quarante ans – et par la même occasion l’engagement des politiques publiques en faveur de la décentralisation – l’occasion était trop belle de pouvoir, dans le même temps, lever le voile sur des passions privées, en permettant une compréhension plus vaste des liens que le public et le privé tissent autour et avec l’art.

Si l’institution apparaît comme l’instance de légitimation d’une carrière artistique, confirmant dans le même mouvement sa valeur marchande, il convient de rappeler comment sont nées les grandes collections publiques et la manière dont les donations privées continuent d’alimenter les musées. Aussi, nous sommes ravis qu’aux côtés des collectionneurs de l’ADIAF des Amis du Frac Grand Large aient souhaité participer, et contribuer à cette dynamique d’ouverture et de partage, des valeurs qui nous unissent.

Avec plus de cent vingt œuvres issues d’une soixantaine de collections, l’exposition vient souligner des écarts et des échos où s’estompent les choix particuliers. À l’affut de la nouveauté, ces collectionneurs et collectionneuses nous invitent à naviguer au sein d’une large diversité d’expressions et à construire notre propre chemin.

Keren Detton

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Une exposition en partenariat avec l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français)

— Keren Detton (Frac Grand Large) et Michel Poitevin (ADIAF)

Comité technique d'achat

Irene Aristizábal
Commissaire en chef du Centre d’art contemporain BALTIC au Royaume-Uni depuis 2019.
Alexandrine Dhainaut
Critique d’art et de cinéma, commissaire d’exposition indépendante
Burkhard Meltzer
Historien de l’art et du design
Keren Detton
Directrice du Frac Frac Grand Large — Hauts-de-France, Dunkerque
Michel Dupuy
Artiste faisant parti du duo Dector & Dupuy
Catherine de Zegher
Historienne de l’art et curatrice indépendante

Administration

Jean-Baptiste Tivolle
Président
Keren Detton
Directrice

À télécharger

En savoir plus

Contact

Frac Grand Large et Hauts-de-France
503 avenue des Bancs de Flandres
59140 Dunkerque, France

contact@fracgrandlarge-hdf.fr
T: +33 (0)3 28 65 84 20

Heures d'ouverture

Fermé
lundis et mardis
Mercredi
: 14h-18h
Jeudi
: 14h-18h
vendredi
: 14h-18h
Week-end
(oct.-mars) : 10h-18h
Week-end
(avr.-sept.) : 11h-19h
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