La collection du FRAC Auvergne, aujourd’hui riche de près de 1000 œuvres, est clairement identifiée au niveau national pour son identité picturale et la singularité de ses choix, comme le démontrent des acquisitions significatives faites ces dernières années : David Claerbout, Ed Paschke, Miryam Haddad, David Lynch, Ron Gorchov, Frank Stella, Caroline Achaintre, Clément Cogitore, Agnès Geoffray, Gregory Crewdson…
Chaque année, le FRAC Auvergne conçoit 4 expositions dans ses murs et 20 expositions déployées sur l’ensemble du territoire régional, tant dans les établissements scolaires que dans le cadre de partenariats pérennes avec des institutions telles que le musée Crozatier au Puy-en-Velay, la Halle aux Bleds à St-Flour, le musée d’art et d’archéologie d’Aurillac… En 2019, les projets du FRAC Auvergne ont réuni 138 000 visiteurs, dont près de 25 000 scolaires de la maternelle aux études supérieures, qui profitent chaque année de visites guidées, d’ateliers de pratique artistique, de conférences d’initiation à l’art contemporain…
Afin de faciliter l’accès de ses expositions au plus grand nombre, le FRAC Auvergne a fait le choix d’une politique de gratuité (entrée d’exposition, visites guidées) et de vente à prix coûtant de ses catalogues d’exposition, rendue possible grâce au soutien de ses partenaires institutionnels et d’un club de mécènes réunissant une quinzaine d’entreprises auvergnates dont la Fondation d’Entreprise Michelin et les Laboratoires Théa, grands mécènes du FRAC Auvergne.
Le FRAC Auvergne s’est doté, dès sa création en 1985, d’une identité clairement définie autour de la peinture. À partir de 2004, j’ai souhaité élargir cette identité à deux nouveaux axes. Le premier concerne la question du rapport de l’art à l’Histoire, le second s’intéresse aux questions afférentes au statut de l’image et notamment les liens existants entre l’histoire de la peinture et celles de la photographie et du cinéma.
L’histoire du FRAC Auvergne a été marquée par des rencontres avec de nombreux artistes qui ont contribué à mettre en œuvre une programmation exigeante : Luc Tuymans (2003), Shirley Jaffe (2008), Katarina Grosse (2007-2008), David Lynch (2012), Gregory Crewdson (2017), Marc Bauer (2014), David Claerbout (2015), Agnès Geoffray (2020)… et par l’accueil d’un public toujours plus nombreux et fidèle.
Notre prochaine installation à la Halle aux Blés, bâtiment emblématique de la ville de Clermont-Ferrand, en 2022 constitue un nouveau jalon dans notre histoire. Ce bâtiment de 2800 m² composé de vastes salles d’expositions, de deux grands ateliers pédagogiques, de réserves in situ et d’un café-restaurant nous permettra de proposer une offre culturelle enrichie.
Jean-Charles Vergne est directeur du FRAC Auvergne depuis 1996, chargé de la collection du FRAC Auvergne et de la programmation. Il est membre de l’AICA. Commissaire d’expositions et auteur, il a, entre autres, organisé des expositions monographiques et publié des livres consacrés à Luc Tuymans, Albert Oehlen, Richard Tuttle, Raoul de Keyser, David Lynch, Katharina Grosse, Agnès Geoffray, Denis Laget, David Claerbout, Gregory Crewdson, Shirley Jaffe, Mireille Blanc, Marina Rheingantz, Miryam Haddad… Il a été membre de la commission d’acquisitions du Cnap de 2008 à 2011. En 2018, il a été le rapporteur de Clément Cogitore pour le Prix Marcel Duchamp qui lui a été attribué.
Les photographies de Dirk Braeckman sont des vibrations de tons délicatement contenus entre la noirceur absolue d’un poudroiement charbonneux et la blancheur irradiante d’éclats de lampes, de rayons solaires ou d’éblouissements de flashs pulsés. Des noirs les plus opaques aux blancs les plus stridents, la granulosité de la lumière neutralisée par le gris ou par l’extinction crépusculaire de la couleur fait reposer les détails du monde sur une surface d’une matité totale.
Sur un plan strictement technique, ces photographies sont photographiques, c’est indéniable, mais elles s’échappent pourtant du genre et s’imprègnent d’une intonation qui est celle de la peinture. Dirk Braeckman a d’abord été peintre, et cette pratique initiale fut déterminante dans la manière dont la photographie devint ensuite le catalyseur d’un regard de peintre. L’art de Dirk Braeckman ne produit pas d’images car les images n’ont aucune surface, contrairement à ses œuvres dont la granulation importe autant qu’importe la touche d’un peintre.
Une peinture est d’abord le récit d’un regard. Ce que nous voyons des œuvres de Dirk Braeckman n’est pas la prise de vue initiale mais un regard particulier sur le monde où les choses sont appréhendées dans une relation constante avec la remémoration. Ce qui est montré est ce qui a été vu puis, partiellement, voire totalement, oublié. L’acte photographique ne constitue qu’un premier geste de captation destiné à être archivé, parfois durant des années, avant qu’une image ne soit exhumée, comme on exhume un souvenir ancien. L’image est prise, laissée, puis reprise, redécouverte, parfois reprisée, rephotographiée, recadrée ou étalonnée selon une lumière différente – comme se refabriquent nos souvenirs lorsque nous les appelons à nous, dans une authenticité vacillante, voilée par le trouble grisâtre d’une mémoire incertaine.
Il ne s’agit donc pas de rendre compte d’un instant vécu, il ne s’agit pas de produire des instantanés, mais de produire le récit d’un regard, de restituer la façon dont le souvenir d’un lieu sédimente jusqu’à n’être plus un souvenir mais un tableau en soi, un monde refermé sur lui-même se livrant rétrospectivement dans son instabilité, dans son évanescence, dans le léger flottement d’une lumière grise dont les tons demeurent impossibles à fixer dans la mémoire.
Frac Auvergne
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