Acquisition récente
Paul Heintz
Né en 1989 à Saint-Avold, diplômé des Beaux-Arts de Nancy, des Arts Décoratifs de Paris et du Fresnoy, studio national des arts contemporains. Son travail qui se traduit à travers l’objet, le son, le film et l’installation a été présenté lors d’événements d’art contemporain et festivals de films tels que FID Marseille, IFFR Rotterdam, Visions du Réel, Paris Nuit Blanche. Il est le lauréat du prix Révélation Emerige 2019, Révélation Livre d’Artiste 2021 et 1% Marché de l'Art 2023. (…) L’oeuvre de Paul Heintz joue de l’entrecroisement des différents niveaux de fiction et de réalité qu’il met en forme à travers d’un travail de collecte, de documentation, ou de collaboration – que ce soit par la récolte de documents (retranscription de séance de psychothérapie dans Foyers), la participation des travailleurs-chômeurs de l’entreprise d’entraînement pédagogique dans Non Contractuel, ou du peintre-copiste pour The Factory par exemple. Paul Heintz ne se contente pas néanmoins de recueillir et documenter ces « fictions réelles », mais il les suscite, les étend, les redouble et les complexifie. Ces morceaux de réalité recomposés prennent ainsi parfois un tour cocasse ou « nonsensical ». Ils se teintent aussi souvent d’une tonalité critique, discrète mais soutenue : ces fictions apparemment anodines peuvent en effet fonctionner comme des mécanismes insensibles d’assujettissement à des normes et des identités contraintes – que ce soit celles imposées aux travailleurs ou aux « déviants ». En ce sens, ce n’est pas tellement à la dissolution de la réalité dans les illusions ou les fantasmagories que s’intéresse Paul Heintz, mais plutôt à la manière dont la réalité vécue se trouve appauvrie ou mise en coupe par des imaginaires standardisés et disciplinés – et à la possibilité de réinsuffler en celle-ci, par le travail artistique, une qualité d’expérience pleine et singulière. (…) Nicolas Heimmendinger (…) Le terrain d’action de Paul Heintz est un étrange ensemble de cas où le réel est largement imprégné de fiction, et où la normativité sociale pèse en même temps de tout son poids. Il y a une toxicité propre à l’imagination et à la fiction lorsqu’elles allient leur agrément à la norme sociale, comme c’est le cas par exemple avec le storytelling. De là, Paul Heintz entre dans la logique de la fiction, la poursuit plus loin, et fait entrer par cette prolongation un courant d’air salvateur. (…) Emmanuelle Pireyre