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Sylvie Blocher

Sylvie Blocher est basée à Saint-Denis, France. Sa première exposition « Hygiènes » mettait en scène la contrainte des corps dans l’espace urbain contemporain, à partir de sa place de femme. Elle réalise ensuite une série de cinq « Spectacles pour rendre la vie présentable » utilisant la performance, les porteurs de voix, les montages de textes avec l’écrivain Gérard Haller. Le dernier de ces « Spectacles pour rendre la vie présentable », présenté au Festival d’Avignon en 1987, questionne l’angle mort de la modernité : l’innommable d’une extermination industrielle des corps dans les camps de concentration nazis. L’actrice Angela Winkler y récite autour du stade de Nuremberg une liste de prénoms d’hommes et de femmes en rapport avec les listes des morts. Sélectionnée en 1988 par le curateur américain Don Cameron et la curatrice hollandaise Saskia Boss elle présente à Aperto à la Biennale de Venise, l’installation « Le grand Atlas », avec la voix de l’actrice Emmanuelle Riva, où elle travaille des matériaux remettant en cause l’autorité de l’artiste : les vapeurs, les fumées. En 1991, elle participe à l’exposition « 14 Contemporary Artists from France » (AGO, Toronto), où une polémique éclate suite à un texte manifeste des artistes Daniel Buren et Michel Parmentier dans le catalogue de l’exposition, « dénonçant la « démission » des exposants artistes français au nom d’une critique moderniste de l’institution ». Pour Sylvie Blocher c’est un point de rupture. Elle leur répond en questionnant une modernité blanche, colonialiste, masculine-hétérosexuelle. Elle abandonne alors toute idée de construction, et décide de ne plus utiliser que le medium vidéo pour filmer « un matériau incontrôlable ». Sa dernière œuvre construite, « Déçue la mariée se rhabilla » (1991, coll. Centre Pompidou), est une forme lumineuse abstraite recouverte d’un voile de mariée, debout sur le sol, qu’elle décrit comme « pleine d’une énergie électrique limitée qui doit se recharger chaque nuit. Une œuvre s’élevant contre toute idée d’Éternité». Sa mariée, imaginée sous la forme d’une déposition est un manifeste accompagné de dix-huit dessins préparatoires qui interroge une modernité devenue excluante. Elle prône « une décolonisation du moi » (I am interested in the decolinization of the ego) 1991. Elle lance alors le concept « Je Nous Sommes » et entame une pratique vidéo « ULA, Universal Local Art » qui tente d’infléchir une modernité à l’universalisme autoritaire sous l’angle de l’altérité. Aux mécanismes de contrôle elle oppose des protocoles filmiques d’émancipation, de réparation, de droit à dire, à s’inventer autre, et prône une « décolonisation du moi ». Ses images en mouvement travaillent une matière humaine imprévisible et fragile — les volontaires qu’elle filme — qui l’oblige à confronter éthique et esthétique. Se confrontant ainsi aux imaginaires des autres, elle engage avec ceux et celles qu’elle filme «une poétique de la relation », et tente une autre distribution des rôles et des mots. Sylvie Blocher est également cofondatrice, en 1988, du collectif « Campement Urbain » qui mène avec l’architecte François Daune un travail sur la construction du Je et du Nous, hors des normes établies dans les périphéries urbaines délaissées, et s’inspirant du concept d’archipel développé par le philosophe Édouard Glissant, pour imaginer des espaces publics comme des lieux de rencontres et d’émancipation, et non comme de simples espaces de circulation. « Campement Urbain » reçoit en 2002 le prix Art/ Community/ Collaboration de la Fondation Evens pour « Je & Nous » (Sevran 93 – APERTO biennale de Venise, 2002. Remise du prix au MUKHA ), en 2012, le Grand Prix d’Urbanisme d’Australie (Penrith – MCA, Opéra de Sydney), après avoir redessiné le plan urbain de la ville de Penrith, dans le Western Sydney, à partir des récits et des rituels de ses habitants, « What is missing ? ». Elle expose dans les musées nationaux et internationaux; dans les expositions internationales et les biennales : Pusan (Corée du Sud), Alexandrie (Egypte), New Delhi (Inde) , Salvador de Bahia (Brésil), Biennale de Venise (Italie), Biennale de Lyon (France), Biennale de la Vidéo de Santiago de Chile (Chili), Liverpool Biennal (Angleterre) , Biennal de Jafre (Espagne)… Ses œuvres sont dans les collections comme le SFMOMA-San Francisco, le MUDAM-Luxembourg, l’AGO-Toronto, le MNBAQ-Québec, le NMNM-Monaco, le MACS Grand Hornu, le Centre Pompidou, les FRAC Poitou-Charentes, Alsace, Bourgogne-Franche-Comté, Rhône-Alpes…

Sylvie Blocher, A MORE PERFECT WORLD, 2010
Sylvie Blocher, A MORE PERFECT WORLD, 2010
2023
Collection Frac Bourgogne

A MORE PERFECT WORLD
Série The Speeches 2010 - 12
Sylvie Blocher 2012 - édit.2/3
Vidéo HD 16:9, projection vertical, 3’37’’, s-t. fr.
Plaque de médium posée verticalement dans l’espace, 220 cm x 123,5 cm
Extrait de la Convention relative au statut des réfugiés du 28 juillet 1951
du Haut-Commissariat des Nations Unis aux droits de l’homme.
Chanté par : Véronique Nosbaum, soprane, sur une adaptation de l’air
de Didon et Énée de Henri Purcell
Créée pour la biennale de Liverpool 2012
© Sylvie Blocher, Adagp

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