Tour de France des Frac : Frac Normandie

Le Frac Normandie dispose de deux lieux d’exposition, l’un à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) et l’autre à Caen (Calvados). Toute l’année, le Frac Normandie y organise des expositions, et en journée ou en soirée des événements, des visites et des ateliers, en plus des nombreuses expositions hors-les-murs et actions organisées dans toute la Normandie.

Les temps forts de la programmation 2023 à Caen et Sotteville-lès-Rouen ont été les expositions de Tursic & Mille (The Woods, à Caen) et l’exposition de groupe Images, reprise (et augmentée) en ce moment-même au centre d’art Le Point du Jour, à Cherbourg. Les expositions en cours qui clôturent le programme de l’année sont Jessica Stockholder (Nomadic Musings – « Rêveries nomades ») à Sotteville, et Gerald Petit (Ni île) à Caen.

En 2024, le Frac inscrira une partie importante de sa programmation dans le parcours du Festival « Normandie Impressionniste » : expositions monographiques de Lily van der Stokker (du 6 avril au 22 décembre 2024) et Maxime Verdier à Caen, Francis Baudevin (du 13 avril au 22 septembre 2024) à Sotteville-lès-Rouen, mais aussi hors-les-murs avec Olivier Beer au Hangar 107 à Rouen, une exposition de collection au château des Ravalets à Cherbourg, Morgane Fourey au Pavillon XVIIe du Jardin des Plantes de Rouen, une exposition de photographies au THV du Havre et Flora Moscovici dans un lieu particulièrement spectaculaire qui sera bientôt dévoilé.

Vincent Pécoil, directeur du Frac Normandie

Jessica Stockholder a souvent été amenée à voyager pour réaliser des œuvres directement sur les lieux où elle était invitée. Le titre de cette exposition, « Rêveries nomades » (« Nomadic Musings ») renvoie au voyage en ce sens, mais aussi relativement à toutes les sortes de matériaux et d’objets qu’elle utilise dans ses œuvres – des matériaux fabriqués dans une myriade d’endroits, et qui ont fait le voyage jusqu’à son atelier. L’exposition rassemble quatre types d’œuvres qui sont autant d’explorations de la façon dont la signification émerge à la bordure – à l’endroit où les matériaux se rencontrent les uns les autres et où le travail trouve son contexte.

Une œuvre nouvelle adaptée à l’espace du Frac Normandie à Sotteville-lès-Rouen – The Thing, the Line, 2023 – consiste en une grande peinture murale monochrome qui s’étend sur les deux étages du bâtiment. Cette forme plate est en dialogue avec du cordage et des éléments en métal inspirés par divers objets trouvés à Rouen. L’œuvre fait partie d’une série de pièces récentes intitulée « Specific Shapes plus Object ».

Un second groupe d’œuvres est constitué de sculptures réalisées par l’artiste dans son atelier. Ces assemblages, faits d’une grande variété de matériaux neufs et usagés, transcendent la somme de leurs parties une fois achevés.

Assist: Rider fait partie d’une série de sculptures récentes qui ne peuvent pas tenir debout toutes seules. Chaque Assist est attaché à un support (qui peut être une œuvre d’art, du mobilier, etc.) sélectionné par l’artiste ou la·le commissaire. Stockholder décrit la relation entre ces objets assemblés comme « symbiotique » : une relation mutuellement bénéfique entre deux entités de natures différentes. Pour cette exposition, les deux panneaux de métal perforés qui composent la sculpture sont associés avec une sculpture moderniste et une armoire normande trouvée sur place. Ces éléments fonctionnent ensemble comme des prothèses, des tuteurs ou des greffes.

Enfin, une sélection de collages produits pendant un séjour de l’artiste à Katmandou est également présentée dans l’exposition. Ces derniers incorporent des câbles de téléphone, des fragments de vêtements et d’emballages sur du papier traditionnel népalais lokta.

La plupart des œuvres présentées dans cette exposition de Gerald Petit le seront pour la première fois, mais d’autres ont été réalisées sur une période de vingt ans. On peut donc parler d’une exposition introspective (plutôt que d’une rétrospective) mélangeant peintures récentes, photographies, installations, mais aussi de la musique et des œuvres d’ami·es et de proches, qui concourent toutes à former le portrait de l’artiste, mais aussi d’une époque.

Portrait ou paysage, l’affaire est d’ailleurs plus compliquée qu’il n’y paraît. Car les œuvres des autres artistes sont présentées sur des socles bas qui forment des îlots dans l’exposition, et donc une géographie imaginaire. Dans ce paysage, le passage d’une œuvre et d’une personne à l’autre, est un rappel que l’art peut aussi être un voyage immobile. Et cette répartition insulaire est de ce fait trompeuse : elle souligne a contrario ce qui nous réunit : l’amitié, l’influence, le partage. Personne n’est une île – « Ni île », c’est le sens du titre. Nous sommes faits de ce qui nous traverse : des discussions que nous avons, des œuvres que nous voyons, de la musique qui résonne dans nos esprits.

Gerald Petit a principalement mené de front deux pratiques, la peinture et la photographie, chacune étayant l’autre. Depuis quelques années, il a recentré son travail sur la peinture, s’en servant en partie comme d’un analogue au processus chimique de la photographie, c’est-à-dire qu’il applique la peinture en la laissant agir de telle sorte que chaque couche agisse comme un révélateur de la précédente. Cette présence suggestive de la photographie est accentuée par le sujet de nouvelles toiles présentées au Frac, dont le motif est celui de boîtes de papier photo, la peinture affectant alors d’être des objets dans lesquels l’image, paradoxalement, « s’affirme en se dérobant ».

Avec : Nina Childress, Anne Collier, Anthony D. Green, Wade Guyton, Jack Goldstein, Pierre Joseph, Louise Lawler, Sherrie Levine, Robert Longo, Trevor Paglen, Gerald Petit, Thomas Ruff, Julia Scher, Cindy Sherman

Dans sa partie la plus contemporaine, l’exposition réunit essentiellement des artistes figurant dans la collection du Frac Normandie. À travers des œuvres de Nina Childress, Anne Collier, Anthony D. Green, Wade Guyton, Pierre Joseph, Trevor Paglen, Gerald Petit, Thomas Ruff et Julia Scher, elle propose une exploration de la nature de l’image à l’ère de sa reproduction numérique.

Cette nature apparaît définie par la profusion, la circulation immédiate et une multiplicité d’usages. L’anonymat de l’écran semble avoir aboli cette «fenêtre sur le monde» formée par le tableau comme la singularité promue par l’art moderne. Une masse croissante d’images est désormais produite par des machines pour des machines, tandis que de plus en plus de personnes diffusent leurs propres images, perturbant la notion d’auteur.

Le titre «Images» évoque l’exposition «Pictures», organisée en 1977 à New York, par le critique Douglas Crimp. Aujourd’hui, la « Pictures Generation » désigne des artistes étasuniens dont le travail, au tournant des années 1970-1980, mettait à mal les hiérarchies culturelles, la spécificité des médiums ainsi que la distinction entre original et reproduction. Transposant hors contexte des images déjà existantes, leurs œuvres conduisaient à les mettre à distance en même temps qu’elles en augmentaient le pouvoir d’attraction.

Cinq artistes emblématiques de la Pictures Generation sont présentés au Point du Jour. Pièces historiques de Jack Goldstein, Sherrie Levine et Cindy Sherman ou œuvres récentes de Louise Lawler et Robert Longo, chacune donne à voir la manière dont l’art, en s’appropriant des images, peut changer notre regard.

Pendant les vacances scolaires, des stages de pratique artistique sont proposés aux enfants ou adolescent·es.

Au Frac à Caen et à Sotteville-lès-Rouen.

Stage Holiday à Caen, juillet 2023 :
En ce début de vacances d’été, l’artiste Jeanne Cattant a proposé de réaliser une création collective.

Les enfants ont fabriqué leurs couleurs, expérimenté tâches, touches, empreintes et pochoirs pour créer le fond d’un portrait collectif, cette fois au trait.