12 avril 2024

Art & Sport 2024

Projet Art & Sport 2024
Projet Art & Sport 2024

De mai à novembre 2024

13 expositions dans 13 régions de France

110 œuvres des collections des Frac seront présentées dans 13 lieux sportifs dans le cadre d’expositions conçues par Fabien Danesi, commissaire général du projet et directeur du FRAC Corsica.

Conçu grâce au soutien exceptionnel du ministère des Sports et du ministère de la Culture à l’occasion de l’anniversaire des 40 ans des Frac, le projet Art & Sport est mis en œuvre et piloté par la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais en partenariat avec Platform. Dossier de presse téléchargeable en bas de page.

Programme des expositions

Nevers – Maison des Sports
« Hand in hand in hand »
Le toucher
Du 5 mai au 2 juin

Ed Pien,
Ed Pien, « Hand String Games », 2012 © Droits réservés. Collection Frac Lorraine

Avec les œuvres de : David de Tscharner, Edith Dekyndt, Su-Mei Tse, Ed Pien, Antoni Muntadas, Marie Cool Fabio Balducci, Elsa Werth, Monica Bonvicini, Claude Closky.

Au cœur de notre expérience humaine, le toucher se manifeste comme un langage universel, transcendant les barrières de la parole et de la culture. L’exposition Hand in Hand in Hand s’inspire alors du célèbre vers de Gertrude Stein «A Rose is a Rose is a Rose» de 1913 pour inviter à une réflexion profonde sur ce sens fondamental à travers le motif des mains dans l’art contemporain.

Si les mains ont souvent été perçues par les artistes modernes comme une limite traditionnelle de la création dont il fallait s’émanciper, elles ont retrouvé une dimension primordiale à une époque où la culture numérique s’est emparée de nos existences. Synonymes de contact et de toucher, les mains sont l’expression d’une résistance face à un monde dématérialisé. Elles portent également une puissante expression anthropologique qui permet de s’interroger sur notre condition.

Organe d’expression et de transformation, les mains interagissent avec la matière et participent au façonnement de notre réalité. Elles ont cette capacité de préhension qui les lient à nos outils mais elles reflètent aussi émotions et histoires humaines. L’exposition souligne l’importance des mains dans l’expression personnelle et collective, formant de manière indirecte une chaîne symbolique entre les individus. Elle illustre notre capacité à comprendre le monde sous une forme autre que la pure intellection. En se focalisant sur cette partie du corps humain et en rendant au geste sa dimension réflexive, cette sélection d’œuvres vidéo et photographiques permet de mettre en lumière la richesse de nos communications non verbales. Elles définissent un espace où le tactile et le visuel s’entremêlent, offrant au spectateur une expérience immersive et introspective. En mettant l’accent sur les mains, Hand in Hand in Hand rappelle leur rôle essentiel dans la connectivité humaine, soulignant leur présence constante dans notre interaction avec le monde qui nous entoure.

Le thème du toucher a été choisi en hommage à l’équipe USO Nevers Handball.

Saint-Brieuc – Palais des Congrès
« Les Rêveurs à la Lanterne »
Le néon
Du 8 au 12 mai

Arno Piroud,
Arno Piroud, « Enter your Dreams », 2005 © Droits réservés. Collection IAC, Villeurbanne

Avec les œuvres de : Keith Sonnier, Arno Piroud, François Morellet, Michel François, Boris Achour.

Pour les 26e jeux nationaux de l’avenir handisport, accueillis au Palais des Congrès de Saint-Brieuc, Art & Sport. L’art au cœur du sport propose une exposition autour d’un médium – le néon – pour raconter de manière féérique le nouvel élan que les personnes atteintes de handicap sont capables de trouver. Objet à la fois industriel et chaleureux, le néon est emblématique d’une pratique de l’art contemporain immersive qui intègre le spectateur dans son espace de monstration.

Pour cette manifestation intitulée Les Rêveurs à la lanterne, il s’agit de créer une atmosphère onirique comme le signale dès l’entrée la pièce d’Arno Giroud, Enter your dreams (2005) qui évoque la réalisation de ses rêves. À l’intérieur de l’espace d’exposition, on trouve une oeuvre de Michel François intitulée Walk through a line of neon lights (2004-2009) qui montre des néons brisés. Les accidents de la vie sont ici transposés. Gitane n°1 (1991) de François Morellet dessine alors un mouvement serpentin, comme une danse que l’on retrouve dans la pièce de Boris Achour Conatus : la nuit du danseur (2009). Ce numéro de claquette devient l’expression allégorique du renouveau et affirme dans ce contexte la puissance de la vie sur les difficultés rencontrées.

Mulhouse – Climbing Center
« Pop up play polychrome »
Le multicolore
Du 15 mai au 30 juin

Daniel Firman,
Daniel Firman, « Gathering », 2000 © Collection FRAC Bourgogne

Avec les œuvres de : Daniel Firman, Oliver Beer, John M. Armleder, Stéphane Lallemand, Kohei Sasahara, Jérome Bell.

L’association des couleurs à l’art semble évidente tant elles apportent une expressivité unique à toute création visuelle. Historiquement, cette exubérance chromatique peut rappeler une époque spécifique : les années 1980 dite aussi période postmoderne qui coïncide avec la création des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) en France et marque un tournant par rapport à l’approche moderniste plus radicale. Durant la décennie précédente, l’art conceptuel avait dominé, cherchant à éliminer toute notion de beauté et de séduction jugée superficielle. Le «retour à la couleur» a alors symbolisé un éloignement de cette rigueur antiesthétique, qui visait à dépouiller une œuvre d’art de tout aspect charnel.

Le multicolore a refait surface, embrassant l’éclectisme du capitalisme tardif qui n’avait plus honte du décoratif. Des œuvres vivement colorées et éclatantes sont apparues en nombre, affirmant que l’art n’avait pas abandonné toute dimension ornementale. Les variations chromatiques sont devenues un moyen d’explorer et de commenter la diversité des goûts et des préférences artistiques.

Aujourd’hui, ces débats semblent lointains. Et la vision éclectique de l’art parait prévaloir sur une approche critique et désesthétisée. Actuellement, presque tout peut être considéré comme une expression artistique, dans un contexte où le jugement s’est démocratisé avec les réseaux sociaux. Si cet élargissement peut être observé avec bienveillance, Cela a cependant entraîné une certaine indétermination dans notre façon d’appréhender l’art et a créé un seuil d’incertitude où nous nous trouvons tous désormais.

Le thème du multicolore a été choisi en écho aux voies colorées emblématiques des murs d’escalade.

Sin-Le-Noble – Boulodrome
« Cim(ais)es »
Les arbres
Du 17 mai au 23 juin

Charles Fréger,
Charles Fréger, « Sans titre (la forêt) », 2001 © SAIF. Collection Frac Normandie

Avec les œuvres de : Zoe Leonard, Anne-Marie Filaire, Gilles Saussier, Dino Dinco, Geert Goiris, Janne Lehtinen, Sophie Ristelhueber, Charles Fréger, Jean-Charles Bustamante.

De l’art contemporain, le grand public a souvent une perception erronée, croyant à tort qu’il s’agit exclusivement d’une forme d’expression expérimentale, voire transgressive. Une observation des collections des 22 Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) révèle une réalité bien différente. Parmi les diverses catégories d’œuvres, celle de la photographie d’arbres se distingue comme un exemple frappant d’une approche plus mesurée et moins provocatrice.

Ce n’est pas un hasard si le thème de l’arbre a suivi de près  les progrès techniques de la photographie depuis l’avènement du daguerréotype en 1839. Les arbres, par leur présence constante et leur symbolisme profond, ont offert un terrain fertile pour l’exploration artistique. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, la thématique de l’arbre a trouvé sa place dans les collections des FRAC, démontrant sa capacité à se renouveler et à rester pertinente.

Cet intérêt s’explique en partie par la montée d’une conscience écologique mondiale. En tant que symboles vivants de la nature, les arbres parlent directement de notre relation avec l’environnement et de notre responsabilité envers lui. Leur représentation devient ainsi un vecteur puissant de sensibilisation et de réflexion sur les enjeux environnementaux. De plus, l’image de l’arbre est éphémère et en constante évolution, changeant avec les saisons et le passage du temps. Cette métamorphose continue offre aux artistes un moyen d’explorer des thèmes comme la transience, le renouvellement et la permanence dans un monde en perpétuel changement. Enfin, les arbres sont chargés d’une riche trame culturelle et historique. Ils sont témoins silencieux de l’histoire, porteurs de mémoire collective et souvent associés à des mythes, des légendes et des croyances.

Leur représentation dans l’art contemporain crée un lien entre le passé et le présent, invitant à une réflexion sur notre héritage culturel et notre identité collective. Loin d’être une simple réminiscence du passé, le motif universel de l’arbre est un domaine dynamique et évolutif. Elle offre une perspective unique sur des questions contemporaines tout en restant profondément ancrée dans une tradition artistique longue et riche. C’est cette dualité entre l’ancien et le nouveau, le traditionnel et le contemporain, qui confère à la photographie d’arbres sa place légitime et son attrait constant dans le champ de l’art.

Le thème des arbres a été choisi en écho à la grande charpente en bois du Boulodrome de Sin-le-Noble.

Pau – Stade nautique
 » How to whisper to the ocean »
Les mondes marins
Du 1er juin au 31 juillet

Philippe Ramette,
Philippe Ramette, « Plongeoir II », 1995 © Adagp, Paris, 2024. Collection FRAC Champagne-Ardenne

Avec les œuvres de : Martine Aballéa, Simon Faithfull, Jennifer Douzenel, Patrick Jolley et Reynold Reynolds, Nicholas Flo’ch, Michel Blazy, et Philippe Ramette.

Immense, insondable, et finalement toujours mystérieux, l’océan est un élément qui s’affirme comme une puissante altérité face à notre humanité. Si nous l’avons conquis dans notre exploration moderne de l’ensemble des territoires de la planète, il demeure un objet à l’aura inaltérée, tendu entre réalité et imaginaire. L’océan n’est pas notre milieu naturel et son évocation appelle toujours autant de récits et de mythes qui traduisent une fascination pour cette étendue confinant au sublime.

Bien sûr, l’océan permet d’aborder aujourd’hui de nombreuses problématiques écologiques en tant qu’écosystème vital pour notre existence et notre devenir. Sa dégradation de plus en plus visible est intimement liée à nos sociétés industrielles et au réchauffement climatique. Mais les artistes contemporains trouvent dans l’océan une poétique qui peut se lire comme une forme de déterritorialisation. Les mondes marins sont ainsi l’expression du désir de s’aventurer dans des environnements inconnus ou étrangers, qui nous poussent à recourir à l’imaginaire et à quitter la terre ferme au profit d’une fluidité de l’esprit. How to whisper to the ocean associe différentes œuvres pour tracer de manière allusive un voyage atypique, un voyage avant tout mental où l’eau est le dénominateur commun. Les collections des Fonds régionaux d’art contemporain montrent ainsi que l’élément marin demeure un motif récurrent, pas tant un sujet qu’un milieu avec lequel et parfois contre lequel il est possible de produire des créations tour à tour dramatiques, poétiques, amusantes. Il fait pleinement partie de cet art du déplacement qui caractérise le milieu de l’art contemporain.

Le thème de l’océan a été choisi pour élargir le contexte de la station nautique de Pau et créer un pont entre réalité et imaginaire.

Le Mans – Circuit des 24h
« Et nous passons avec lui »
Le temps
Du 9 au 16 juin

Véronique Joumard,
Véronique Joumard, « Horloge », 1998 © Adagp, Paris, 2024. Collection Frac Occitanie Montpellier

Avec les œuvres de : Ant Farm, Isabelle Arthuis, Claude Parent, Fiona Tan, Ruth Ewan, Véronique Joumard, Georgina Starr, et Marie Denis.

À la fois insaisissable et omniprésent, le temps est essentiel à notre existence. Il se manifeste de manière ambivalente : réalité tangible au quotidien, il est aussi un objet énigmatique, un concept difficile à appréhender, d’autant que sa compréhension a évolué au fil des siècles et que sa dualité structurelle a entrainé de profondes réflexions métaphysiques, scientifiques ou littéraires.

Si la modernité était caractérisée par une vision linéaire du progrès, l’époque actuelle embrasse une compréhension plus nuancée et parfois paradoxale du temps. Notre vie suit une progression chronologique de l’enfance à la vieillesse, mais la théorie de la relativité d’Einstein est venue bouleverser notre interprétation liée à notre expérience physique. Elle révèle une dimension du temps flexible, influencée par la gravité et la vitesse. Dans des conditions extrêmes, comme à proximité d’un trou noir ou à des vitesses proches de celle de la lumière, le temps peut s’étirer, un phénomène connu sous le nom de dilatation du temps. Par contraste, la physique quantique propose une vision du temps comme un flux uniforme et constant, exempt des effets de superposition ou d’intrication.

Ces différentes perspectives ont trouvé de nombreux échos dans l’art contemporain. Les artistes d’aujourd’hui explorent alors le temps non seulement comme une suite d’événements, mais aussi comme une entité flexible et subjective. Souvent multidisciplinaires, leurs œuvres remettent en question la perception traditionnelle d’un temps fléché. Ils utilisent des techniques variées pour représenter des réalités simultanées ou des chronologies fragmentées. L’art contemporain devient un espace d’expérimentation où se croisent passé, présent et futur, reflétant la complexité du temps et enrichissant notre compréhension de cette dimension fascinante. Dans ce mélange de perspectives temporelles, l’art contemporain trouve sa place, continuant d’enrichir notre exploration de ce qui demeure actuel.

Le thème du temps a été choisi en écho aux 24 heures du Mans.

Grenoble – Palais des Sports
Monographie Anouk Kruithof
« Universal Tongue »
Du 15 au 30 juin

Vue d'installation au Musée Tinguely, Anouk Kruithof, «Universal Tongue», 2018 © 2022 Musée Tinguely, Bâle; photo: Matthias Willi
Vue d’installation au Musée Tinguely, Anouk Kruithof, «Universal Tongue», 2018 © 2022 Musée Tinguely, Bâle; photo: Matthias Willi

«La danse, le corps en mouvement, plus que tout dans notre monde diversifié et complexe, nous unit dans la reconnaissance de notre fragilité partagée et de notre condition humaine commune. Elle nous oriente également vers la possibilité d’un monde plus inclusif avec un échange illimité et une compréhension de nouvelles identités, un monde où tout simplement chacun est danseur.»

Anouk Kruithof

«Universal Tongue», l’œuvre ambitieuse d’Anouk Kruithof, s’ancre dans une fascination pour les vidéos de danse accessibles sur diverses plateformes internet comme YouTube, Facebook, Instagram et TikTok. Ce projet artistique capte l’essence du mouvement corporel sous de multiples formes – du twerk au vogue, en passant par la samba, les danses folkloriques, les rituels soufis, jusqu’au jeu des chaises musicales. L’objectif principal est la compilation de cette richesse chorégraphique mondiale.

Pour réaliser ce panorama, Kruithof a mobilisé une équipe de 52 chercheurs internationaux. Leur mission : collecter des centaines d’heures de contenu vidéo, représentant plus de 1000 styles de danse en provenance de 196 pays différents. Le résultat de cette collecte est une installation vidéo monumentale répartie sur 8 écrans, avec une version condensée de 4 heures pour une projection spécifique. Le montage de Kruithof, inspiré par l’art de l’appropriation et le collage, s’inscrit dans la continuité des techniques avantgardistes comme celles utilisées par l’Internationale situationniste.

Ce travail de réinterprétation transforme les spécificités territoriales et culturelles en un flux d’images unifié, reflétant une humanité hyperconnectée caractérisée par l’hybridation et la fluidité. Ce procédé met en évidence comment Internet a remodelé notre rapport à la danse, en modifiant nos pratiques et nos perceptions. Universal Tongue devient ainsi un miroir de notre époque numérique, démontrant que malgré la diversité des expressions, une continuité et une communion globales se dessinent à travers ces danses. En réunissant ces moments capturés aux quatre coins du monde, Kruithof célèbre non seulement la diversité des expressions de la danse, mais aussi l’unité fondamentale de l’expérience humaine.

Saint-Lô – Pôle hippique
« Si un animal vous dit qu’il peut parler, il ment probablement »
Les animaux
Du 5 juillet au 2 septembre

Anne-Charlotte Finel,
Anne-Charlotte Finel, « Têtes », 2021 © Adagp, Paris, 2024. Collection Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

Avec les œuvres de : Francis Alÿs, Christine Laquet, Basim Magdy, Anne-Charlotte Finel, Pauline Oltheten, Guillaume Pinard, Georges Rey, Margaret Salmon, Carolina Saquel, Béatrice Utrilla et Bertrand Arnaud.

Le proverbe africain «Si un animal vous dit qu’il peut parler, il ment probablement» évoque la complexité de notre relation paradoxale avec les animaux. D’une part, les animaux sont des compagnons et des influences omniprésentes dans notre histoire et notre culture depuis des millénaires. Ils jouent des rôles variés, en tant qu’amis, travailleurs et symboles culturels, créant un lien émotionnel profond avec l’humanité. Cette familiarité avec les animaux continue de façonner notre compréhension de nous-mêmes et de notre monde, nourrissant des liens affectifs profonds et des traditions culturelles riches.

Mais le proverbe permet aussi de mettre en évidence notre tendance à sous-estimer les animaux, à les considérer comme incapables de communication ou de compréhension profonde, signe d’une domination qui s’exprime aujourd’hui à travers la sixième extinction de masse des espèces dont nous sommes pleinement responsables. Cette contradiction reflète notre attitude parfois ambivalente envers les créatures non humaines, oscillant entre la reconnaissance de leur importance et la minimisation de leur existence, la réduction de leur existence au statut de nourriture, d’objet ou de simple marchandise. La sélection de vidéos faite ici nous invite ainsi à mettre à jour ce dialogue, oscillant entre la proximité émotionnelle et la distance cognitive, tout en nous encourageant à approfondir notre compréhension de ces êtres fascinants qui partagent notre planète.

Paris – Maison de la conversation
« Le monde est à tous.tes »
Le multiculturalisme
Du 12 juillet au 9 septembre

Zanele Muholi,
Zanele Muholi, « La Rochelle I », 2007 © Zanele Muholi. Collection Frac Poitou-Charentes.

Avec les œuvres de : Mohamed Bourouissa, Aurélien Froment, Zanele Muholi, Buhlebezwe Siwani, Katia Kameli, James Webb, et Anna Holveck.

Bien plus qu’un simple thème d’exposition, la diversité culturelle et ethnique incarne notre condition humaine et ne peut être réduite à de simples illustrations. Pour en saisir l’ampleur, il est nécessaire de l’aborder à travers une multiplicité de notions comme l’énergie et l’affect, le rythme et la lumière, les corps et les langues. Vividhattãyãh Stutih ou Éloge de la diversité est une manifestation qui embrasse cette complexité, associant différentes œuvres et médiums pour affirmer l’évidence du multiculturalisme, qui perdrait sa spontanéité s’il était trop explicitement défini. C’est dans ce jeu subtil de révélation et de retenue que l’art contemporain excelle, naviguant avec aisance à travers ses nombreux paradoxes.

S’inspirant de la notion de Tout-Monde d’Édouard Glissant, Vividhattãyãh Stutih envisage la diversité comme un espace vivant et dynamique où se tissent des interactions et des rencontres uniques. Chaque œuvre n’est pas un simple élément isolé ; elle est une voix dans un dialogue plus vaste, une part essentielle d’une mosaïque culturelle sans hiérarchie. Ces différences ne se contentent pas de coexister ; elles sont les actrices d’un processus actif d’échange et de création, reflétant la richesse et la complexité de la diversité humaine.

Dans cet espace d’exposition, l’hybridation et la métamorphose jouent un rôle central. Chaque œuvre est ouverte à l’influence et à l’intégration avec d’autres, invitant les spectateurs à s’éloigner d’une approche ontologique rigide pour embrasser un monde de flux et d’intensités. Ce régime d’intensités est l’affirmation d’un décloisonnement des pratiques et des styles, des façons de ressentir et de vivre, afin de mieux rendre compte de cette diversité qui nous entoure et que les collections des Fonds Régionaux d’art contemporain expriment plus que jamais.

Ce thème du multiculturalisme a été choisi pour faire écho aux publics très variés de la maison de la conversation et du studio adidas.

Senetosa – Phare de Senetosa
Monographie Yuyan Wang
« Look on the bright side »
Du 26 juillet au 11 août

Yuyan Wang,
Yuyan Wang, « Look on the bright side », 2023 © Yuyan Wang. Collection Frac Bretagne

« Je garde un souvenir vivace de mes débuts avec le jeu vidéo Age of Empires, où l’acte d’explorer la carte impliquait de révéler progressivement son territoire caché. Dans cette réalité numérique d’un empire, notre perception du monde s’intensifie en le rendant visible. À l’écran, un fragment de terre émerge de l’obscurité numérique infinie, s’illuminant peu à peu, pièce par pièce, grâce à la luminescence de mon avatar. Je me rappelle encore l’excitation intense que provoquait l’attente, l’anticipation de voir émerger quelque chose de ce voile numérique sombre.

Cette expérience me semble métaphoriquement similaire à notre manière actuelle de naviguer sur Internet, où nous faisons face à une obscurité infinie s’étendant au-delà de notre compréhension. Elle soulève la question du rôle des images à l’ère de la production algorithmique. Dans ce contexte, les images transcendent la simple représentation et même la perception visuelle humaine, puisque la majorité des données visuelles sont créées par et pour des algorithmes qui les analysent et les utilisent. Comment définir le travail des images dans un tel univers où elles sont bien plus que de simples représentations visuelles ? »

Yuyan Wang

En 2018, la Chine prévoyait d’envoyer trois lunes artificielles en orbite au-dessus de plusieurs grandes villes dans la perspective que la lumière continue puisse remplacer l’éclairage urbain. Ces lunes n’ont jamais été envoyées. Aucune autre information n’a été communiquée sur le sujet. Mais ce projet kafkaïen a suscité chez l’artiste Yuyan Wang le désir de commencer un film sur la nature de la lumière. Sur sa vitesse dans une société constamment en construction.

Et, surtout, sur son opposé, l’obscurité, ici menacée. Car ces lunes futuristes – ou l’idée de visibilité perpétuelle – contiennent toutes les mutations sociales, culturelles, industrielles et scientifiques que la Chine a connu pendant plus de vingt ans, et avec elle, nos sociétés hyperconnectées, basées sur l’économie de l’attention.

Look on the bright side propose ainsi une réflexion poétique et politique sur la lumière LED des écrans qui nous hypnotisent de plus en plus. Basé sur des séquences vidéo récupérées sur internet et sur sa propre documentation, cette œuvre dévoile notre communauté mondialisée basée sur une redouble efficacité – une communauté active, disponible, toujours en éveil, où les zones mystérieuses sont remplacées par une luminosité homogène. Sous l’autorité de lumières éternelles, elle s’enracine dans le mythe capitaliste – l’immatérialité des nouvelles technologies – et tente de retracer la «lumière» jusqu’à ses origines terrestres. Ainsi, Look on the bright side montre dans un tourbillon d’images anonymes l’extractivisme qui demeure au cœur de nos dispositifs de surveillance et de divertissement pour mieux relier la lumière électronique à la minéralité dont elle jaillit. En enquêtant sur un mode abstrait dans les usines qui construisent tous nos appareils, Yuyan Wang scrute le réel avec acuité et sensibilité afin de dévoiler la part pleinement mentale de ces prothèses qui façonnent nos comportements. Sans jugement moral, Yuyan Wang rend compte de la submersion des images dans laquelle nous baignons tous aujourd’hui et offre un miroir ambivalent, tant il mêle la fascination et la déconstruction.

Tours – Péristyle de la mairie
« Objet Respirant Non identifié »
Le rétrofuturisme
Du 6 au 13 octobre

Angelika Markul,
Angelika Markul, « Marella », 2020 © Adagp, Paris, 2024. Collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA

Avec les œuvres de : Bruno Peinado, Angelika Markul et Edith Dekyndt.

À l’occasion de la manifestation Art et Sport, nous proposons d’investir une structure sportive à Tours afin d’y présenter un dialogue entre trois œuvres qui constituent un récit abstrait de science-fiction. En associant un ballon gonflable à la surface réfléchissante (Sans titre (Silence is sexy) de Bruno Peinado – 2004-2021) à une vidéo montrant un paysage ancestral de la côte ouest australienne (Marella d’Angelika Markul – 2020), cette exposition souhaite donner une nouvelle version à la scène iconique de 2001 L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968). En lieu et place du monolithe noir, on trouve donc cette structure gonflable qui joue le rôle d’énigme face à l’origine de la vie, d’autant que le site filmé par Angelika Markul fait référence à la croyance d’un peuple aborigène, les Goolarabooloo qui vivent sur la songline reliant le nord et le sud de la côte de Kimberley. Selon leurs croyances, il existe un dieu créateur également connu sous le nom d’Homme Imu ou Marella. Il est venu créer le monde, la nature et l’humanité en laissant ses empreintes sur le sol, celles que nous pouvons voir réapparaître dans la vidéo.

La troisième œuvre, Les ondes de Love d’Edith Dekyndt (2009) montre une bannière au vent dont le mouvement fait écho à la respiration de l’objet non identifié de Bruno Peinado. Cette vidéo fait référence au mathématicien anglais Augustus Edward Hough Love qui développa un modèle mathématique autour des ondes de surface. L’œuvre d’Edith Dekyndt s’attache alors à mesurer notre subjectivité d’être humain à l’aulne de phénomènes physiques d’une portée universelle mais dont les forces sont souvent invisibles et changeantes. Gravité, champ magnétique, turbulence de fluides et énergie solaire influant sur notre conscience et nos perceptions sont ainsi captés à travers un travail d’une extrême sensibilité, ici le simple mouvement d’un tissu sous l’effet de l’air ambiant.

Fabien Danesi © Rita Scaglia
Fabien Danesi © Rita Scaglia

Propos de Fabien Danesi, commissaire général des expositions et directeur du FRAC Corsica

« Si le sport est considéré comme une activité éminemment populaire, l’art contemporain est parfois trop souvent perçu comme élitiste. Cette opposition est cependant superficielle, car l’art et le sport partagent un même ressort qui est celui de la passion. L’un et l’autre sont tous deux des intensificateurs d’émotion. Ils sont aussi marqués par la multiplicité de leurs pratiques et offrent de nombreuses formes d’expression.

Par conséquent, Art & Sport est une manifestation qui vise à la rencontre entre ces deux mondes en proposant une exposition plurielle sur l’ensemble du territoire français. Il s’agit d’investir dans chaque région de France et en outre-mer une infrastructure ou un événement sportif pour aller à la rencontre d’un public souvent éloigné des musées et des centres d’art. En s’appuyant sur les collections des 22 Fonds Régionaux d’Art Contemporain de France – qui fêtent cette année leurs 40 ans d’existence -, Art & Sport souhaite participer à la démocratisation de la création actuelle en offrant des expériences esthétiques variées dans un contexte inhabituel.

Stade de football, piscine, boulodrome, skate-park, etc. sont autant de lieux qui deviendront, le temps d’une exposition, un nouveau terrain de jeu. Certains espaces accueilleront une seule œuvre – les œuvres présentées ne sont pas des œuvres en lien avec le sport – qui sera l’occasion de souligner le soutien des FRAC à la création émergente, en mettant l’accent notamment sur la jeune scène dans le champ de la vidéo : ce médium témoigne d’une grande richesse de vocabulaires qui peut parler au plus grand nombre tant la familiarité avec les images en mouvement est commune à chacun. En complément de ces présentations monographiques, certaines propositions collectives offriront des thématiques en écho à la structure d’accueil, en évitant soigneusement que le sport devienne un sujet à part entière : ce seront les mondes marins dans une station nautique, le multicolore face à un mur d’escalade aux voies polychromes, mais aussi une exposition sur la notion primordiale aujourd’hui du care dans un centre de remise en forme et de fitness, soit autant d’orientations qui permettront de créer cette conversation entre l’art actuel et les pratiques sportives. Les espaces seront investis aux heures d’ouverture des établissements ou lors d’évènements sportifs afin de favoriser la découverte des œuvres par les usagers habituels de ces lieux.

Ce projet fait donc le pari d’un dialogue fructueux entre les deux univers de l’art et du sport, d’autant que l’art contemporain aime tout particulièrement les déplacements et les dérèglements. Les établissements sportifs deviendront des espaces inattendus d’exposition dans lesquels vidéos, photographies et installations apparaitront pour susciter un pas de côté, sous la forme d’un moment drôle, surprenant ou contemplatif.

Dans cette logique de sensibilisation, qui fait pleinement partie des missions des Fonds Régionaux d’Art Contemporain, le projet a pour ambition de proposer que la médiation puisse être assurée par un usager du lieu afin que ce dernier transmette à son tour pistes de réflexion et ressentis dans la logique de concrétiser la rencontre de l’art et du sport, placée sous le signe de l’échange.

Des petits textes explicatifs seront bien sûr présents pour accompagner les personnes qui découvriront les œuvres dans chaque région.

Assumant une dimension foisonnante, cette dissémination se veut alors l’affirmation d’un travail au plus près de tous les publics et la concrétisation de l’esprit des FRAC qui rapprochent l’art de chacun depuis 40 ans. ARt & Sport est conçu avant tout comme un événement généreux qui délaisse les clichés au sujet de l’art contemporain pour assumer une ode à la diversité. »

— Commissariat général de l’ensemble des expositions – Fabien Danesi, Directeur du FRAC Corsica

Chaque exposition sera accompagnée d’un document d’aide à la visite comportant les notices des œuvres et une présentation des Frac. Ces livrets seront prochainement téléchargeables ici.

De courtes vidéos de présentation de chaque exposition par Fabien Danesi seront accessibles via un QR code sur chaque site.

Un tiré à part réalisé par le Journal l’Équipe sera diffusé sur l’ensemble des sites d’exposition, et un catalogue d’exposition sera édité avec des photographies des expositions prises par le photographe Sébastien Arrighi.

Carte de France des 13 expositions
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