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Jean-Luc Parant

NÉ EN 1944 À MÉGRINE (TUNISIE) DÉCÉDÉ EN 2022 Jean-Luc Parant est un artiste, écrivain et poète français dont l’œuvre tout entière témoigne d’une obsession singulière pour les yeux, et d’une expérience incessante de la vue comme processus. Il se décrit lui-même dès les années 1970 comme un « fabricant de boules et de textes sur les yeux », son travail artistique et littéraire est une investigation poétique et protéiforme autour des yeux. Au-delà de l’organe de la vision et du symbole, les yeux de Jean-Luc Parant s’expriment par les mains, par les mots, par les boules, pour faire surgir de la nuit, inlassablement, l’existence. Il a également formé avec Titi Parant un couple d’artistes menant depuis plusieurs décennies un travail en commun. Son œuvre a été exposée à de nombreuses occasions et notamment au Centre Pompidou (1990), au Musée d’art contemporain de Lyon (1991) où il présente Éboulement, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (1991), au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (2007) ainsi qu’à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence (2008). Jean-Luc Parant effectue une formation à l’École Boulle à Paris entre 1961 et 1966, période durant laquelle il organise sa première exposition personnelle à l’Hôtel Colbert de Torcy (1963). À cette occasion, il réalise ses premiers tableaux de cire et expose quatre-vingt-quatre bas-reliefs d’yeux. Enfant rêveur et curieux, Jean-Luc Parant choisit de s’isoler régulièrement dans une cave de la maison familiale, où il laisse sa créativité s’épanouir et déjà explorer le visible, l’invisible et les interrogations sur les origines. À l’adolescence, l’artiste fabrique ainsi ses premières œuvres dans le noir avec les moyens à disposition, à la lumière de la bougie et avec sa matière malléable. Durant cette année 1963, il produit une première série de dessins au crayon et à l’aquarelle autour du même « motif » (notamment Couloir d’yeux et L’échelle d’yeux). En 1971, avec sa femme Titi, ils s’installent au château de Rieuchaud à Buis-les-Baronnies dans la Drôme, sorte de résidence d’artistes où il façonne ses premières boules et les installe sur le chemin menant à la ferme. Dans un premier temps faites de cire puis modelées avec de la terre, ses boules marquent un passage du plan au volume, de l’esprit à la matière, du visible au touchable. Il publie en 1973 son premier texte sur les yeux intitulé Les boules intouchables. Sa première installation muséale d’envergure, 300 boules, est réalisée pour le Centre Culturel de la Ville de Toulouse en 1974. Souvent présentés in situ, ses environnements peuvent parfois prendre une forme monumentale comme ce fut le cas au Musée d'Art Moderne de Villeneuve d'Ascq en 1985 avec 100.001 boules ou lors de la première Biennale de Lyon avec Éboulement (1991). De toutes tailles, souvent noires, de formes sphériques et couvertes d’aspérités, ses boules peuvent être laissées nues, ou entaillées de chiffres ou de mots, voire recouvertes de papier. Plus récemment un corpus d’œuvres regroupées sous le nom de Bibliothèque idéale (2006) réunit ainsi sous une même installation deux aspects de son travail : celui d’écrivain et d’artiste. Parfait équilibre entre texte et matière, cet ensemble expose de belle manière les grandes lignes d’une œuvre répétitive, obsessionnelle et définitivement inclassable.

Jean-Luc Parant, « La liberté du désordre » © FAGE éditions
Jean-Luc Parant, « La liberté du désordre » © FAGE éditions
2018
Collection Institut d'art contemporain Villeurbanne / Rhône-Alpes

La liberté du désordre, ce sont 800 kilos de boules en terre qui débordent des caisses qui les enferment comme autant de pensées, ce sont des lettres sur ces caisses qui s’assemblent en paroles, ce sont au mur des mots écrits les yeux fermés, de la main gauche qui ne sait pas écrire.

C’est une œuvre datée de 1985/2016, donnée à l’IAC (Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes) à l’occasion d’un échange ; et c’est aussi ce livre, où Jean-Luc Parant, dans un long entretien avec Kristell Loquet accompagné de nombreuses images de ses archives, revient sur sa longue vie de création et dit, tantôt dans la langue unique qui est sa marque depuis plus de cinquante ans, tantôt de manière plus directe, et comme jamais il le fit, les pensées qui l’ont guidé et les innombrables débordements qu’elles ont provoqués : le débordement de ses tas de boules, de ses textes, de ses collections et de ses livres, ses débordements sentimentaux et familiaux, son « débordement du texte officiel de l’art »…

paru en septembre 2018
co-édition Fage éditions, IAC Villeurbanne
Edition française
16 x 24 cm
168 pages (ill. coul. et n/b)

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