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Nicolas Daubanes

Nicolas Daubanes, Mauvais œil, 2020. Collection Frac Franche-Comté.
Nicolas Daubanes, Mauvais œil, 2020. Collection Frac Franche-Comté.
2021
Collection Frac Franche-Comté

Nicolas Daubanes, Mauvais œil, 2020

Installation
"L’œuvre a été réalisée durant une résidence à Monflanquin. L’artiste a choisi de réduire en poudre une ancienne porte de prison, non pas en la passant dans une broyeuse quelconque, mais en la sciant minutieusement, millimètre par millimètre, jusqu’à la faire disparaître et la transformer en un tas de sciure qui s’apparente à un pollen. Il présente aussi une forme sadique de destruction de la douleur, procurée par l’enfermement, qu’il réduit à néant, sans que quiconque puisse intervenir. Temps et espace, sont devenus des objets de création, en en faisant un outil de transgression. Il s’agissait en effet de problématiser le traitement de l’espace (celui de l’habitude), disponible (résidence et confinement), perpétuel, continu, opposé à celui de la prison, dont la finitude est symbolisée par une porte, élément de passage ou de blocage. Cette porte, Nicolas Daubanes l’expose à tous les dangers. En la plaçant dans un lieu d’exposition, il la sort de son espace et de sa fonction pour lui donner un statut, celui d’une œuvre d’art entropique. Millimètre par millimètre, il va déplacer le rail de guidage de sa scie circulaire. L’artiste transforme donc le bois de cette authentique porte de prison en poussière légère et volatile. La sciure est expulsée de la machine au gré du passage de cette dernière, elle se dépose comme prolongement du geste de destruction. Au préalable de cette action longue et protocolaire, Nicolas Daubanes étudie le système de fabrication de la porte et en dégage les pièces d’assemblage métalliques, tout cela permettant de ne laisser qu’un tas de poussière de bois informe et distendu ainsi que quelques morceaux d’acier, le tout suggérant, au sol, un corps en parfait état de décomposition. De la chair en poussière et des os en acier. Certes, l’objet est un symbole d’ouverture et de fermeture, une porte provoque un dégagement sur un espace ou le clôt, le rend opaque, il devient interdit ou intime. Elle est naturellement l’élément le plus banal pour la libération d’un espace de circulation, d’un lieu de passage qui balise un trajet, sachant qu’une porte reporte de quelques instants une nouvelle portion de temps, pendant que le trajet s’enferme dans un itinéraire de déplacement, avec un point d’origine et une finalité. Les signes relevés composent le schéma suivant : la déportation de la porte (d’un statut à un autre), la réduction du bois solide à la poudre, la sublimation du passage (de l’état d’objet à celui d’une ressemblance avec un corps archéologique).La considération de cette poudre induit l’histoire de l’objet. Il en fait le contour perdu d’un corps, présent dans sa totalité, mais dont la matière est impalpable. L’objet est vrai, existant dans sa matière, mais il est rendu seulement probable, si une reconstitution en était envisageable. La connaissance de l’objet qui a perdu sa fonction permet, cependant, de lui conserver sa corporéité et de lui attribuer cet autre état, strictement dépendant de la première. La mémoire la rend probable malgré son inconsistance. Ainsi, l’objet renvoie à la part manquante, mais il s’agit moins de cette absence que de la fonction qui lui est attribuée. Le statut d’œuvre hypostasie les représentations habituelles de porte en les déplaçant dans une situation inattendue qui se veut artistique. Les signes de réduction agissent comme le squelette de l’œuvre, dont l’élasticité est subordonnée au contenu de l’image, mais aussi aux plans et aux espaces d’exposition. La verticalité dévolue aux œuvres est forcée à une certaine horizontalité par la présence au sol de la poudre. Le croisement des plans contribue à montrer avec la nostalgie de l’abandon que le sol est partie intégrante des sites du regard. Si l’on souhaite filer la métaphore, on irait jusqu’à citer que lorsqu’un individu est au tapis, on le considère symboliquement de haut, en troquant nos plans scopiques habituels. au sol, telle une archéologie à l’opposé de sa position usuelle."
Extrait du texte de Francesca Caruana, Sémioticienne de l’art, 2020
Sciure de bois, acier

Dimensions variables

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